Chassignet, Un cors mangé de vers
(Le Mespris de la vie et consolation contre la mort, cité par Jean Rousset, Anthologie de la poésie baroque, Corti, 1988, t. 2, p. 114)
Mortel, pense quel est dessous la couverture
D’un charnier mortuaire un cors mangé de vers,
Descharné, desnervé, où les os descouvers,
Depoulpez, desnouez, delaissent leur jointure ;
Icy l’une des mains tombe de pourriture,
Les yeux d’autre costé destournez à l’envers
Se distillent en glaire, et les muscles divers
Servent aux vers goulus d’ordinaire pasture ;
Le ventre deschiré cornant de puanteur
Infecte l’air voisin de mauvaise senteur,
Et le né my-rongé difforme le visage ;
Puis connoissant l’estat de ta fragilité,
Fonde en Dieu seulement, estimant vanité
Tout ce qui ne te rend plus scavant et plus sage.
inspiré de Ronsard :
https://lelectionnaire.blogspot.com/2022/11/ronsard-vieillesse.html