Benjamin, in Jean-Paul (Richter), La Vie de Fibel, préface, où les réflexions de Walter Benjamin (et de Pannwitz) sur la traduction sont résumées par Gaétan Picon et Claude Pichois à propos de la traduction de l'Énéide par Pierre Klossowski
Picon :
"En tant qu'entreprise littéraire, la traduction n'est justifiée que pour être l'animation, l'élargissement de la langue traductrice par la langue traduite – si bien que c'est au bénéfice de celle-là qu'elle s'opère, non au bénéfice de celle-ci (et pas davantage à celui du lecteur). Traduire n'est pas informer, refléter – mais ouvrir une langue en s'appuyant sur une autre. Benjamin cite ces mots remarquables d'un autre essayiste allemand, Rudolf Pannwitz : "Nos versions, même les meilleures, partent d'un faux principe : elles prétendent germaniser le sanscrit, le grec, l'anglais, au lieu de sanscritiser l'allemand, de l'helléniser, de l'angliciser."
Pichois :
"Germaniser la langue française, nous nous y sommes efforcés. Tendre la langue jusqu'à son point d'éclatement. Mais, malgré les exercices d'assouplissement auxquels la langue française a été soumise depuis près d'un siècle – on a rapproché la phrase de Proust de celle de Jean-Paul –, il n'en reste pas moins que sa structure demeure rigide."