Goncourt, Journal t.1 p. 875-876 :
"Tout est mélancolique dans Watteau, jusqu'aux verdures. Il a pour ses paysages la palette de l'automne, la dernière richesse des feuilles et des tons. C'est la campagne jetant sa lueur suprême, donnant sa dernière note, les feuilles dorées, les arbres dégarnis, des gaîtés de tons finissantes ; la saison où le vert prend tant de fantaisies en se décomposant, un ton dont le rayonnement touche à la pourriture, à la mort. C'est la maturité accomplie et passée, déjà le déclin."
Valéry, Automne (in Mélange) :
"Feuilles mortes. La forêt plus belle après sa mort d’automne, par ses couleurs plus variées, plus sonores que celles de la vie.
Parlera-t-on ici de « nature » ? Il s’agit de choses mourantes et mortes, et cette splendeur résulte comme elle peut, de la dégradation d’organes d’où la vie s’est retirée.
C’est l’abandon, la décomposition, l’oxydation lente qui emplissent nos yeux de valeurs positives puissantes.
« Qui a fait ceci ? »
Ce sont choses qui se défont."
Ponge, Le Parti-pris des choses p. 33 (La fin de l'Automne) :
"Tout l'automne à la fin n'est plus qu'une tisane froide. Les feuilles mortes de toutes essences macèrent dans la pluie. Pas de fermentation, de création d'alcool : il faut attendre jusqu'au printemps l'effet d'une application de compresses sur une jambe de bois.
Le dépouillement se fait en désordre. Toutes les portes de la salle de scrutin s'ouvrent et se ferment, claquant violemment. Au panier, au panier ! La Nature déchire ses manuscrits, démolit sa bibliothèque, gaule rageusement ses derniers fruits".