Updike, La New-yorkaise, in Solos d’amour (trad. Hechter) :
"Sans être laide, ce n’était pas une beauté conventionnelle. Elle avait quelque chose d’asymétrique. Son visage anguleux aux pommettes hautes, semé de taches de rousseur visibles sous la poudre, et son sourire paraissaient pencher d’un côté. Ses bras, ses mains semblaient trop longs, comme s’ils avaient une articulation en trop quelque part. Il y avait dans ses gestes de brusques rétractions, des repliements, comme pour vérifier qu’elle n’avait pas égaré une partie de son corps. Elle n’arrêtait pas de rejeter en arrière ses longs cheveux lissés au fer, d’un roux sans éclat qui me rappelait la couleur des rognures de crayon, l’odeur de cèdre qui se dégage du taille-crayon quand on le vide. Elle portait une minirobe en maille beige et des collants noirs sur des hanches plus larges, des cuisses plus pleines que ce qu’auraient laissé présager son buste et sa figure osseuse, mais cela renforçait son charme en porte-à-faux quand elle se tenait debout, dans l’impitoyable lumière de la salle d’exposition."