mercredi 10 décembre 2025

De Gaulle (patriotisme)

De Gaulle, Du Patriotisme [1913] in Lettres, notes et carnets t 1, cité par ean-Luc Barré, De Gaulle, une vie t.1 : L'homme de personne, 1890-1944 1° partie chap. 3 :

"Rien ne sait davantage réveiller dans un peuple les mâles vertus et les nobles enthousiasmes que le sentiment de la patrie en danger. Rien ne porte à sa valeur morale de plus funestes coups qu’une longue paix, et des coups d’autant plus terribles qu’ils sont moins soudains et peu sûrs. C’est l’histoire des Perses, efféminés et affaiblis par leur mépris du métier des armes et chez qui les vices régnaient en maîtres. L’explication de ces faits historiques n’est pas difficile à fournir. Les vertus d’un guerrier, tout en pouvant paraître brutales à certains, n’en sont pas moins absolument généreuses et désintéressées. En voyant sa patrie menacée par des ennemis ambitieux, le citoyen comprend de suite la nécessité où il se trouve de rester viril pour la mieux défendre. Tandis qu’une paix prolongée provoque l’amour du gain et le désir du vice. Certes, la guerre traîne après elle bien des maux ; certes, ce serait un grand crime pour un peuple que de la déchaîner sans raison, mais c’en serait un autre que de vouloir la détruire « car sans elle, disait M. de Molkte, sans elle le monde pourrirait ». La guerre développe dans le cœur de l’homme beaucoup de ce qu’il y a de bien ; la paix y laisse croître tout ce qu’il y a de mal […]. La guerre est une loi de la nature, et la nature ne veut pas qu’on porte atteinte à ses lois."


mardi 9 décembre 2025

Revel (gratitude...)

Revel (Jean-François), La Connaissance inutile chap. "L'échec de la culture" : 

"On s'étonne d'ailleurs de voir alors combien de réfugiés politiques européens, parmi les intellectuels chassés du Vieux Continent par les totalitarismes, réfugiés qui, en somme, ne devaient leur survie qu'à l'existence et à l'accueil des États-Unis, ont pris, pendant la guerre froide et la première « offensive de paix » de Moscou, en 1949, des positions pro-soviétiques et antiaméricaines. Thomas Mann fut, en ces années, un autre célébrant de cette édifiante et inédite forme d'hommage reconnaissant à la démocratie qui l'avait sauvé. Le grand malheur du xxe siècle, ce sera d'avoir été celui où l'idéal de la liberté aura été mis au service de la tyrannie, l'idéal de l'égalité au service des privilèges, toutes les aspirations, toutes les forces sociales comprises à l'origine sous le vocable de « gauche » embrigadées au service de l'appauvrissement et de l'asservissement. Cette immense imposture a falsifié tout le siècle, en partie par la faute de quelques-uns de ses plus grands intellectuels. Elle a corrompu jusque dans les moindres détails le langage et l'action politiques, inversé le sens de la morale et intronisé le mensonge au centre de la pensée."