samedi 7 mars 2020

Ravel (usines)


Ravel, lettre à Maurice Delage  (L’intégrale, n°90 p. 108) : 
« Après une journée vaseuse, sur un fleuve très large, entre des rives désespérément plates, sans caractère, on découvre une ville de cheminées, de dômes crachant des flammes et des fumées rousses ou bleues. C’est Ahaus, une fonderie gigantesque, dans laquelle travaillent nuit et jour 24000 ouvriers. Ruhort étant trop loin, nous faisons escale ici. Tant mieux car on n’aurait pas vu ce spectacle prodigieux. On est descendu jusqu’aux usines, à la nuit tombante. Comment vous dire l’impression de ces châteaux de fonte, de ces cathédrales incandescentes, de la merveilleuse symphonie des courroies, des sifflets, des formidables coups de marteau qui vous enveloppe. Partout un ciel rouge, sombre et ardent. Là-dessus, un orage a éclaté. » 

jeudi 5 mars 2020

Whistler (peinture)


Whistler (James Abbott McNeill), L’Art de se faire des ennemis, 1892, p. 126-128, traduction M.P.) : 
« Pourquoi n’appellerais-je pas mes œuvres ‘symphonies’, ‘arrangements’, ‘harmonies’ et ‘nocturnes’ ? Je sais que bien des bonnes gens trouvent que ma nomenclature est amusante et que je suis excentrique. Oui, ‘excentrique’ est l’adjectif qu’ils ont trouvé pour moi. 
En Angleterre, la grande majorité des gens ne peut pas et ne veut pas considérer un tableau comme un tableau, indépendamment de toute histoire qu’il puisse être supposé raconter. 
Mon tableau ‘Harmonie en gris et or’ [1] est une illustration de mon propos - une scène de neige avec une seule figure noire et une taverne éclairée. Je ne me soucie en rien du passé, présent, ou futur de la figure noire, placée là parce que le noir était souhaité à cet endroit. Tout ce que je sais, c’est que ma combinaison de gris et d’or est la base du tableau. Et c’est précisément ce que mes amis ne peuvent pas saisir. 
Ils disent, ‘Pourquoi ne pas l’appeler Trotty Veck [2] et le vendre tout rondement contre une harmonie de pièces d’or ?’ - reconnaissant naïvement que, sans baptême, il n’y a pas de… marché ! [3]
Mais même commercialement, il serait indécent de garnir ainsi votre boutique avec les marchandises d’une autre - seules les douanes ont légitimé cela. Même la popularité de Dickens ne pourrait être invoquée pour prêter main forte à un art autre que le sien. Je considérerais comme un truc vulgaire et racoleur d’émouvoir les gens à propos de Trotty Veck alors que, s’ils pouvaient vraiment se soucier d’art pictural, ils sauraient que le tableau doit avoir son propre mérite, et ne pas dépendre d’un intérêt dramatique, légendaire ou local. 
De même que la musique est la poésie du son, la peinture est la poésie de la vue, et le sujet, le contenu, n’a rien à voir avec l’harmonie du son ou de la couleur. 
Les grands musiciens ont su cela. Beethoven et les autres écrivaient de la musique - simplement de la musique ; symphonie en tel ton, concerto ou sonate en tel autre. 
En Fa ou en Sol ils bâtissaient de célestes harmonies - en tant qu’harmonies - en tant que combinaisons issues des tons de Fa ou de Sol et de leurs relatifs mineurs. 
C’est là de la musique pure, à distinguer des airs -banals et vulgaires en eux-mêmes, mais intéressants par leurs associations, comme, par exemple, ‘Yankee Doodle’, ou ‘Partant pour la Syrie’ [4].
L’art devrait être indépendant de tout ‘piège à bravos’ - se tenir seul et faire appel au sens artistique de l’œil ou de l’oreille, sans confondre cela avec des émotions qui lui sont entièrement étrangères, comme la dévotion, la pitié, l’amour, le patriotisme, etc. Tout cela n’a aucun rapport à l’art : et c’est pourquoi je persiste à appeler mes œuvres ‘arrangements’ et ‘harmonies.’
Prenez le tableau de ma mère, exposé à l’Académie Royale sous le nom ‘Arrangement en gris et noir’ [4]. Eh bien c’est ce qu’il est. Pour moi, il est intéressant en tant que représentant ma mère ; mais le public peut-il, doit-il se préoccuper de l’identité du portrait ?
L’imitateur est une pauvre créature. Si l’homme qui peint seulement l’arbre, ou la fleur, ou toute autre chose qu’il voit devant lui, était un artiste, le roi des artistes serait le photographe. Il s’agit pour l’artiste d’aller au-delà : dans un portrait, mettre sur la toile quelque chose de plus que le visage que le modèle présente ce jour-là ; en bref, peindre l’homme autant que ses traits ; dans un arrangement de couleurs, une fleur ne sera pas modèle, mais traitée selon sa tonalité à lui.
Maintenant, ceci est bien compris, au moins des couturiers. Dans tout vêtement on voit qu’il est prêté attention à la couleur-clé qui court à travers la composition, comme le chant des Anabaptistes à travers ‘Le Prophète’, ou l’hymne des huguenots dans l’opéra du même nom. »


[1] 
[3] allusion à saint Thomas d’Aquin : « sans baptême, il n’y a pas de salut pour l’homme ». 
[4] 

Whistler, The Gentle Art of Making Enemies, 1892, pp. 126-128 : 
« Why should not I call my works "symphonies," "arrangements," "harmonies," and "nocturnes" ? I know that many good people think my nomenclature funny and myself "eccentric." Yes, "eccentric" is the adjective they find for me.
The vast majority of English folk cannot and will not consider a picture as a picture, apart from any story which it may be supposed to tell.
My picture of a "Harmony in Grey and Gold" is an illustration of my meaning -- a snow scene with a single black figure and a lighted tavern. I care nothing for the past, present, or future of the black figure, placed there because the black was wanted at that spot. All that I know is that my combination of grey and gold is the basis of the picture. Now this is precisely what my friends cannot grasp.
They say, "Why not call it 'Trotty Veck,' and sell it for a round harmony of golden guineas ? "--naively acknowledging that, without baptism, there is no... market !*
But even commercially this stocking of your shop with the goods of another would he indecent -- custom alone has made it dignified. Not even the popularity of Dickens should be invoked to lend an adventitious aid to art of another kind from his. I should hold it a vulgar and meretricious trick to excite people about Trotty Veck when, if they really could care for pictorial art at all, they would know that the picture should have its own merit, and not depend upon dramatic, or legendary, or local interest.
As music is the poetry of sound, so is painting the poetry of sight, and the subject-matter has nothing to do with harmony of sound or of colour.
The great musicians knew this. Beethoven and the rest wrote music -- simply music ; symphony in this key, concerto or sonata in that.
On F or G they constructed celestial harmonies--as harmonies--as combinations, evolved from the chords of F or G and their minor correlatives.
This is pure music as distinguished from airs--commonplace and vulgar in themselves, but interesting from their associations, as, for instance, "Yankee Doodle," or "Partant pour la Syrie."
Art should be independent of all clap-trap -- should stand alone, and appeal to the artistic sense of eye or ear, without confounding this with emotions entirely foreign to it, as devotion, pity, love, patriotism, and the like. All these have no kind of concern with it; and that is why I insist on calling my works " arrangements" and "harmonies."
Take the picture of my mother, exhibited at the Royal Academy as an "Arrangement in Grey and Black." Now that is what it is. To me it is interesting as a picture of my mother ; but what can or ought the public to care about the identity of the portrait ?
The imitator is a poor kind of creature. If the man who paints only the tree, or flower, or other surface he sees before him were an artist, the king of artists would be the photographer. It is for the artist to do something beyond this : in portrait painting to put on canvas something more than the face the model wears for that one day ; to paint the man, in short, as well as his features ; in arrangement of colours to treat a flower as his key, not as his model.
This is now understood indifferently well--at least by dressmakers. In every costume you see attention is paid to the key-note of colour which runs through the composition, as the chant of the Anabaptists through the Prophete, or the Huguenots' hymn in the opera of that name.


mercredi 4 mars 2020

Baudelaire-Quincey (palimpseste)


Baudelaire (Quincey), Les Paradis artificiels VIII, Visions d’Oxford, I :

[Baudelaire traduit et paraphrase le livre de Thomas de Quincey : Confessions d'un mangeur d'opium anglais]

« ‘Qu’est-ce que le cerveau humain, sinon un palimpseste immense et naturel ? Mon cerveau est un palimpseste et le vôtre aussi, lecteur. Des couches innombrables d’idées, d’images, de sentiments sont tombées successivement sur votre cerveau, aussi doucement que la lumière. Il a semblé que chacune ensevelissait la précédente. Mais aucune en réalité n’a péri. 
[…] Souvent des êtres, surpris par un accident subit, suffoqués brusquement par l’eau, et en danger de mort, ont vu s’allumer dans leur cerveau tout le théâtre de leur vie passée. Le temps a été annihilé, et quelques secondes ont suffi à contenir une quantité de sentiments et d’images équivalente à des années. Et ce qu’il y a de plus singulier dans cette expérience, que le hasard a amenée plus d’une fois, ce n’est pas la simultanéité de tant d’éléments qui furent successifs, c’est la réapparition de tout ce que l’être lui-même ne connaissait plus, mais qu’il est cependant forcé de reconnaître comme lui étant propre. L’oubli n’est donc que momentané ; et dans telles circonstances solennelles, dans la mort peut-être, et généralement dans les excitations intenses créées par l’opium, tout l’immense et compliqué palimpseste de la mémoire se déroule d’un seul coup, avec toutes ses couches superposées de sentiments défunts, mystérieusement embaumés dans ce que nous appelons l’oubli. »

Cowper (mémoire)


Cowper (William), La Tâche (1783-1785) 
traduction de Sainte-Beuve, in Causeries du Lundi tome XI, 4 décembre 1854 : 
« Il y a dans les âmes une sympathie avec les sons, et, selon que l’esprit est monté à un certain ton, l’oreille est flattée par des airs tendres ou guerriers, vifs ou graves. Quelque corde à l’unisson avec ce que nous entendons, est touchée au-dedans de nous, et le cœur répond. Combien touchante est la musique de ces cloches de village qui, par intervalles, vient frapper l’oreille en douces cadences, tantôt mourant au loin, tantôt reprenant avec force et toujours plus haut, claire et sonore, selon que le vent arrive ! avec une force insinuante elle ouvre toutes les cellules où dormait la Mémoire. Quel que soit le lieu où j’aie entendu une mélodie pareille, la scène m’en revient à l’instant, et avec elle tous ses plaisirs et toutes ses peines. Si vaste et rapide est le coup d’œil de l’esprit, qu’en peu de moments je me retrace (comme sur une carte le voyageur, les pays parcourus) tous les détours de mon chemin à travers maintes années… »

There is in souls a sympathy with sounds ;
And as the mind is pitch’d the ear is pleased
With melting airs, or martial, brisk, or grave :
Some chord in unison with what we hear
Is touch’d within us, and the heart replies.
How soft the music of those village bells,
Falling at intervals upon the ear
In cadence sweet, now dying all away,
Now pealing loud again, and louder still,
Clear and sonorous, as the gale comes on !
With easy force it opens all the cells
Where Memory slept.  Wherever I have heard
A kindred melody, the scene recurs,
And with it all its pleasures and its pains.
Such comprehensive views the spirit takes,
That in a few short moments I retrace
(As in a map the voyager his course)
The windings of my way through many years.

mardi 3 mars 2020

Rimbaud (neige)


Rimbaud, lettre aux siens, 17 novembre 1878 : 
« La route, qui n'a guère que six mètres de largeur, est comblée tout le long à droite par une chute de neige de près de deux mètres de hauteur, qui, à chaque instant, allonge sur la route une barre d'un mètre de haut qu'il faut fendre sous une atroce tourmente de grésil. Voici ! plus une ombre dessus, dessous ni autour, quoique nous soyons entourés d'objets énormes ; plus de route, de précipices, de gorge ni de ciel : rien que du blanc à songer, à toucher, à voir, ou ne pas voir, car impossible de lever les yeux de l'embêtement blanc qu'on croit être le milieu du sentier. Impossible de lever le nez à une bise aussi carabinante, les cils et la moustache en stala[c]tites, l'oreille déchirée, le cou gonflé. Sans l'ombre qu'on est soi-même, et sans les poteaux du télégraphe, qui suivent la route supposée, on serait aussi embarrassé qu'un pierrot dans un four. »

… ce ‘pierrot dans un four’ est singulier ; on peut penser à un moineau fragile ; mais le four ? 
On peut songer au personnage de Pierrot, qui est blanc ; mais, là encore, pourquoi le four ?
La réponse s’obtient en deux clics sur la Toile : 
Rimbaud, dans un texte fameux, disait aimer « les peintures idiotes, dessus de portes, décors, toiles de saltimbanques, enseignes, enluminures populaires ».
Or on trouve à cette adresse 
une plaque animée, tout à fait dans son goût, datant de la seconde moitié du XIX° siècle, intitulée « Polichinelle fait entrer Pierrot dans un four »

lundi 2 mars 2020

Descartes (lettre à Elisabeth)


Descartes, Lettre à Elisabeth, 6 octobre 1645 : 
"Madame, je me suis quelquefois proposé un doute : savoir, s'il est mieux d'être gai et content, en imaginant les biens qu'on possède être plus grands et plus estimables qu'ils ne sont, et ignorant ou ne s'arrêtant pas à considérer ceux qui manquent, que d'avoir plus de considération et de savoir, pour connaître la juste valeur des uns et des autres, et qu'on devienne plus triste. Si je pensais que le souverain bien fût la joie, je ne douterais point qu'on ne dût tâcher de se rendre joyeux, à quelque prix que ce pût être, et j'approuverais la brutalité de ceux qui noient leurs déplaisirs dans le vin, ou les étourdissent avec du pétun. Mais je distingue entre le souverain bien, qui consiste en l'exercice de la vertu, ou, ce qui est le même, en la possession de tous les biens dont l'acquisition dépend de notre libre arbitre, et la satisfaction d'esprit qui suit de cette acquisition. C'est pourquoi, voyant que c'est une plus grande perfection de connaître la vérité, encore même qu'elle soit à notre désavantage, que l'ignorer, j'avoue qu'il vaut mieux être moins gai et avoir plus de connaissance. Ainsi je n'approuve point qu'on tâche à se tromper, en se repaissant de fausses imaginations ; car tout le plaisir qui en revient, ne peut toucher que la superficie de l'âme, laquelle sent cependant une amertume intérieure, en s'apercevant qu'ils sont faux."

dimanche 1 mars 2020

Sterne ("séduction")


Sterne, Tristram Shandy IX, V et VII, traduction Mauron G.F. : 
« La position de Tom était bonne et le temps chaud : l'idée lui vint donc naturellement de s'établir dans le monde. Précisément, un Juif qui vendait des saucisses dans la même rue venait par malchance de mourir d'une rétention d'urine, en laissant à sa veuve un commerce en plein essor. Tom (en ce Lisbonne où chacun se débrouillait à sa guise) ne vit aucun mal à lui offrir ses services. La seule introduction nécessaire étant d'aller acheter une livre de saucisses à la veuve, Tom sortit aussitôt de sa maison, et calculant, chemin faisant, qu'il en serait quitte, s'il échouait, pour une livre de saucisses payée son prix, tandis qu'il obtiendrait, en cas de réussite, la livre de saucisses plus une femme et une boutique de marchand de saucisses par-dessus le marché. […]
Tom […] passa donc aussitôt dans l'arrière-boutique pour entretenir la veuve du Juif de son amour et de sa livre de saucisses ; c'était […] un franc et joyeux garçon ; son caractère était peint sur son visage ; il prit un siège et sans beaucoup d'excuses mais avec une grande politesse, vint s'asseoir à la table et tout près de la veuve. — Rien de plus incommode […] que de faire la cour à une femme en train de bourrer des saucisses. Tom mit donc la conversation sur celles-ci, parla d'abord gravement de leur composition : viandes — herbes — épices. Puis s'égaya modérément, posa des questions sur leur peau, demanda si elle n'éclatait jamais — si les plus grosses n'étaient pas les meilleures, etc., en prenant garde toutefois, tandis qu'il traitait le sujet, de ménager son assaisonnement afin de conserver du jeu pour l'avenir—
[…] Quand Tom sentit qu'il gagnait du terrain et que ses remarques sur les saucisses étaient reçues avec bienveillance, il s'offrit à aider la veuve dans leur fabrication. D'abord, en maintenant la tripe où elle entonnait et pressait la viande ; puis en coupant à la bonne longueur les bouts de ficelle qu'elle lui prenait des mains un à un ; il les lui mit ensuite aux lèvres pour qu'elle les prît plus commodément. Ainsi, de proche en proche, il en vint à nouer la saucisse lui-même tandis qu'elle maintenait l'entonnoir—
Une veuve choisit toujours […] son second mari aussi différent du premier que possible ; Tom n'avait donc pas encore exposé son projet que l'affaire était plus qu'à moitié conclue dans l'esprit de l'intéressée ; elle esquissa pourtant une fausse défense en brandissant une saucisse, Tom aussitôt en empoigna une autre et comme cette dernière était la plus graisseusse des deux, elle signa sa capitulation ; Tom y mit le sceau et ce fut la fin de cette affaire. »

As Tom's place was easy --and the weather warm-- it put him upon thinking seriously of settling himself in the world ; and as it fell out about that time, that a Jew who kept a sausage shop in the same street, had the ill luck to die of a strangury, and leave his widow in possession of a rousing trade --Tom thought (as every body in Lisbon was doing the best he could devise for himself) there could be no harm in offering her his service to carry it on : so without any introduction to the widow, except that of buying a pound of sausages at her shop -Tom set out-- counting the matter thus within himself, as he walk'd along ; that let the worst come of it that could, he should at least get a pound of sausages for their worth -- but, if things went well, he should be set up ; inasmuch as he should get not only a pound of sausages -- but a wife and a sausage shop into the bargain.
[…] He passed on into the room beyond, to talk to the Jew's widow about love -- and this pound of sausages ; and being […] an open cheary-hearted lad, with his character wrote in his looks and carriage, he took a chair, and without much apology, but with great civility at the same time, placed it close to her at the table, and sat down.
There is nothing so awkward, as courting a woman, […] whilst she is making sausages --So Tom began a discourse upon them ; first, gravely, --'as how they were made--with what meats, herbs, and spices.'--Then a little gayly,--as, 'With what skins--and if they never burst--Whether the largest were not the best ?'--and so on--taking care only as he went along, to season what he had to say upon sausages, rather under than over ;--that he might have room to act in--
As Tom perceived […] that he gained ground, and that all he had said upon the subject of sausages was kindly taken, he went on to help her a little in making them.--First, by taking hold of the ring of the sausage whilst she stroked the forced meat down with her hand -- then by cutting the strings into proper lengths, and holding them in his hand, whilst she took them out one by one -- then, by putting them across her mouth, that she might take them out as she wanted them - and so on from little to more, till at last he adventured to tie the sausage himself, whilst she held the snout.--
-- Now a widow […] always chuses a second husband as unlike the first as she can : so the affair was more than half settled in her mind before Tom mentioned it. She made a feint however of defending herself, by snatching up a sausage : --T om instantly laid hold of another -- But seeing Tom's had more gristle in it -- She signed the capitulation--and Tom sealed it ; and there was an end of the matter.