samedi 7 mars 2020

Ravel (usines)


Ravel, lettre à Maurice Delage  (L’intégrale, n°90 p. 108) : 
« Après une journée vaseuse, sur un fleuve très large, entre des rives désespérément plates, sans caractère, on découvre une ville de cheminées, de dômes crachant des flammes et des fumées rousses ou bleues. C’est Ahaus, une fonderie gigantesque, dans laquelle travaillent nuit et jour 24000 ouvriers. Ruhort étant trop loin, nous faisons escale ici. Tant mieux car on n’aurait pas vu ce spectacle prodigieux. On est descendu jusqu’aux usines, à la nuit tombante. Comment vous dire l’impression de ces châteaux de fonte, de ces cathédrales incandescentes, de la merveilleuse symphonie des courroies, des sifflets, des formidables coups de marteau qui vous enveloppe. Partout un ciel rouge, sombre et ardent. Là-dessus, un orage a éclaté. »