samedi 3 mai 2025

Vargas Llosa (érudit)

Vargas Llosa, Éloge de la marâtre chap. 6 :

"Était-ce bien vrai que l’érudit et bibliographe espagnol Marcelino Menéndez y Pelayo, qui souffrait de constipation chronique, passa une bonne partie de sa vie, dans sa maison de Santander, assis sur la cuvette des cabinets à pousser ? On avait affirmé à don Rigoberto qu’au musée du célèbre historien, poète et critique, le touriste pouvait contempler l’écritoire portative que ce savant s’était fait faire pour ne pas interrompre ses recherches et sa rédaction tandis qu’il luttait contre son ventre ladre entêté à ne pas libérer la crasse fécale déposée là par la copieuse et rude cuisine espagnole. Don Rigoberto était ému à l’idée du robuste intellectuel, au front si large et aux croyances religieuses si fermes, contracté sur son cabinet particulier, enveloppé peut-être d’une grosse couverture à carreaux sur les genoux pour résister au froid glacial de la montagne, poussant et poussant des heures durant, en même temps qu’imperturbable il fouillait les vieux in-folio et fouinait dans les poussiéreux incunables de l’histoire de l’Espagne en quête d’hétérodoxies, d’impiétés, de schismes, blasphèmes et extravagances doctrinales dont il dressait le catalogue."


¿ Sería cierta aquella anécdota según la cual el erudito bibliógrafo don Marcelino Menéndez y Pelayo, que padecía de constipación crónica, pasó buena parte de su vida, en su casa de Santander, sentado en el excusado, pujando ? A don Rigoberto le habían asegurado que en la casa–museo del célebre historiador, poeta y crítico, el turista podía contemplar el escritorio portátil que aquél se mandó construir para no interrumpir sus investigaciones y caligrafías mientras luchaba contra el avaro vientre empeñado en no desprenderse de la mugre fecal depositada allí por los copiosos y recios yantares españoles. A don Rigoberto lo emocionaba imaginarse al robusto intelectual, de frente tan despejada y creencias religiosas tan firmes, encogido en su inodoro particular, arropado tal vez con una gruesa manta a cuadros sobre las rodillas para resistir el helado fresco de la montaña, pujando y pujando a lo largo de las horas, a la vez que, impertérrito, proseguía escarbando los viejos infolios y los polvorientos incunables de la historia de España en pos de heterodoxias, impiedades, cismas, blasfemias y extravagancias doctrinales que catalogar.


vendredi 2 mai 2025

Vargas Llosa (installation)

Vargas Llosa, La Maison verte, chap. 1 (trad. Lesfargues revue Picard : 

"Les gardes et Nieves le pilote s’assoient par terre, se déchaussent, le Noiraud ouvre sa gourde, boit et soupire. La mère Angélica lève la tête : qu’on monte les tentes, sergent, un visage fripé, qu’on installe les moustiquaires, un regard liquide, on attendrait qu’ils reviennent, une voix cassée, et qu’il ne lui fasse pas cette tête, elle avait de l’expérience. Le sergent jette sa cigarette, l’enterre à coups de talon, ce qu’il s’en fichait, eh, les gars, qu’ils se remuent un peu. Et juste à ce moment-là éclate un caquetage et un fourré crache une poule, le Blond et le Microbe poussent un cri de joie, noire, la poursuivent, tachetée de blanc, la capturent, et les yeux de la mère Angélica étincellent, bandits, qu’est-ce qu’ils faisaient, son poing vibre en l’air, elle était à eux ? qu’ils la lâchent, et le sergent qu’ils la lâchent mais, ma mère, si on devait rester faudrait bien manger, ils avaient pas envie de crever de faim."


Los guardias y el práctico Nieves se sientan en el suelo, se descalzan, el Oscuro abre su cantimplora, bebe y suspira. La madre Angélica alza la cabeza: que hagan las carpas, sargento, un rostro ajado, que pongan los mosquiteros, una mirada líquida, esperarían a que regresaran, una voz cascada, y que no le pusiera esa cara, ella tenía experiencia. El sargento arroja el cigarrillo, lo entierra a pisotones, qué más le daba, muchachos, que se sacudieran. Y en eso brota un cacareo y un matorral escupe una gallina, el Rubio y el Chiquito lanzan un grito de júbilo, negra, la corretean, con pintas blancas, la capturan y los ojos de la madre Angélica chispean, bandidos, qué hacían, su puño vibra en el aire, ¿era suya?, que la soltaran, y el sargento que la soltaran pero, madres, si iban a quedarse necesitaban comer, no estaban para pasar hambres.