Eschyle, Les Perses, [L'ombre de Darius], trad. Pierron (1870 ?] :
Oh ! que l'événement a peu tardé à vérifier les oracles ! C'est sur mon fils que Jupiter accomplit les menaces divines. J'espérais que les dieux différeraient longtemps leur vengeance ; mais, quand un homme court à sa perte, les dieux l'aident à s'y précipiter. La source des maux, ô mes amis, vient de s'ouvrir sur vous : vous le devez à la jeunesse, à l'imprévoyante audace de mon fils. Essayer d'enchaîner comme une esclave la mer sacrée de Hellé ! d'arrêter le courant du Bosphore, que fait couler la volonté d'un dieu ! changer l'usage des flots, en les captivant par des entraves forgées au marteau, et ouvrir à une immense armée un chemin immense ! mortel enfin, croire qu'il l'emporterait sur tous les dieux, sur Neptune !
Φεῦ, ταχεῖά γ' ἦλθε χρησμῶν πρᾶξις, ἐς δὲ παῖδ' ἐμὸν
Ζεὺς ἀπέσκηψεν τελευτὴν θεσφάτων· ἐγὼ δέ που
διὰ μακροῦ χρόνου τάδ' ηὔχουν ἐκτελευτήσειν θεούς·
ἀλλ' ὅταν σπεύδῃ τις αὐτός, χὠ θεὸς συνάπτεται.
Νῦν κακῶν ἔοικε πηγὴ πᾶσιν ηὑρῆσθαι φίλοις.
Παῖς δ' ἐμὸς τάδ' οὐ κατειδὼς ἤνυσεν νέῳ θράσει·
ὅστις Ἑλλήσποντον ἱρὸν δοῦλον ὣς δεσμώμασιν
ἤλπισε σχήσειν ῥέοντα, Βόσπορον ῥόον θεοῦ·
καὶ πόρον μετερρύθμιζε, καὶ πέδαις σφυρηλάτοις
περιβαλὼν πολλὴν κέλευθον ἤνυσεν πολλῷ στρατῷ,
θνητὸς ὢν θεῶν τε πάντων ᾤετ', οὐκ εὐβουλίᾳ,
καὶ Ποσειδῶνος κρατήσειν.