dimanche 13 août 2023

Ozouf (roman)

Ozouf, Les Aveux du roman p. 22 : 

"[…] La pensée explicite inspirée aux écrivains par les relations entre le vieux monde et le nouveau compte moins que la manière dont ils l'ont incarnée et fait vivre dans leurs fictions. Non, bien entendu, que leur engagement politique soit indifférent, que la haine du parti-prêtre ne soit pas décisive chez Stendhal comme l'est chez Balzac la proclamation légitimiste. Il faut résister à la tentation de forger de toutes pièces un auteur aveuglé, capable de servir sans le savoir une cause qu'il déteste, tandis que son lecteur arrogant et omniscient lui prête d'autorité les convictions que lui-même professe : il est toujours choquant de voir enrôler Balzac, quoiqu'il ait pu en dire, et comme ce fut pourtant si longtemps la mode, dans la troupe progressiste. […] C'est aussi que le roman, s'il est loin de dire le contraire de ce que son auteur a eu l'intention d'exprimer, en dit toujours un peu plus long. Le travail de la démocratie peut ainsi s'observer dans des romans hostiles à la démocratie, et la persistance de l'aristocratie dans les romans « démocrates »."


rappel : 

https://lelectionnaire.blogspot.com/2023/07/kundera-roman.html