Sapho, trad. Boileau :
"Je sens de veine en veine une subtile flamme
Courir par tout mon corps, sitôt que je te vois :
Et dans les doux transports où s'égare mon âme.
Je ne saurais trouver de langue ni de voix.
Un nuage confus se répand sur ma vue.
Je n'entends plus : je tombe en de douces langueurs;
Et pâle, sans haleine, interdite, éperdue,
Un frisson me saisit, je tremble, je me meurs."
Sapho trad Brasillach :
"À nouveau l'amour, le briseur de membres,
Me tourmente, doux et amer.
Il est insaisissable, il rampe."
Chartier, Rondeau (mis en musique par G. Binchois) :
"Près de ma dame et loin de mon vouloir,
Plein de désir et crainte tout ensemble,
Le cœur me faut et le parler me tremble [...]"
Labé :
"Je vis, je meurs, je me brûle et me noie,
J'ai chaud extrême en endurant froidure :
La vie m'est trop molle et trop dure.
J'ai grands ennuis entremêlés de joie :
Tout à un coup je ris et je larmoie,
Et en plaisir maint grief tourment n'endure :
Mon bien s'en va, et à jamais il dure :
Tout en un coup je sèche et je verdoie."
Racine, Phèdre :
"Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue;
Un trouble s'éleva dans mon âme éperdue ;
Mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais parler;
Je sentis tout mon corps et transir et brûler;
Je reconnus Vénus et ses feux redoutables,
D'un sang qu'elle poursuit tourments inévitables."