Walser, L'Homme à tout faire, trad. Weideli :
"C’était alors une époque et un monde bien étranges. Sous le nom de « socialisme », une idée à la fois déconcertante et familière s’était emparée, tel un lierre exubérant, des têtes et des corps, n’épargnant ni les plus vieux, ni les plus sages, à tel point que tout ce qui s’appelait alors tant soit peu poète ou écrivain, et quiconque était seulement jeune, vif et décidé, se passionnait pour cette idée. Des journaux de cette mode ou tendance jaillissaient, comme des fleurs couleur de feu au parfum exaltant, des profondeurs obscures d’esprits entreprenants pour surprendre à la fois et réjouir le public. On faisait plus de bruit autour des travailleurs et de leurs intérêts qu’on ne les prenait vraiment au sérieux. Des cortèges s’organisaient fréquemment, et l’on voyait même marcher à leur tête des femmes, agitant bien haut des drapeaux rouge sang ou noirs. Tout ce qui était mécontent de l’ordre établi et de la situation dans le monde adhérait avec autant d’espoir que de plaisir à ce mouvement passionné de sentiments et d’idées, et tout ce que l’esprit d’aventure d’une certaine espèce de forts en gueule, de faiseurs de grabuge et de beaux parleurs inventait pour hisser, d’une part, le mouvement jusqu’aux sommets de la fanfaronnade et l’enfoncer, de l’autre, dans la vulgarité quotidienne, les ennemis de cette « idée » le saluaient d’un sourire ironique et satisfait. Cette idée, à ce que prétendaient alors de jeunes esprits d’une maturité très relative, associait et unissait le monde entier, l’Europe et tous les autres continents, en un joyeux rassemblement humain ; mais seul celui qui travaillait avait le droit, etc."
Es war damals eine sonderbare Welt und Zeit gewesen. Unter dem Namen »Sozialismus« hatte sich, einer üppigen Schlingpflanze ähnlich, eine zugleich befremdende und anheimelnde Idee in die Köpfe und um die Körper der Menschen, alte und erfahrene nicht ausgenommen, geworfen, dermaßen, daß, was nur Dichter und Schriftsteller hieß, und was nur jung und rasch bei der Hand und beim Entschluß war, sich mit dieser Idee beschäftigte. Zeitungen solchen Schwunges und Charakters schossen wie brennendfarbige, mit Düften hinreißende Blumen aus dem Dunkel der Unternehmungsgeister heraus an die erstaunte und erfreute Öffentlichkeit. Die Arbeiter und ihre Interessen nahm man damals allgemein mehr geräuschvoll als ernst. Es wurden häufig Umzüge veranstaltet, an deren Spitze auch Frauen schritten, blutigrote oder schwarze Fahnen hoch in der Luft daherschwenkend. Was nur immer mit den Verhältnissen und Ordnungen der Welt unzufrieden war, schloß sich dieser leidenschaftlichen Gedanken- und Gefühlsbewegung hoffnungsvoll und zufrieden an, und was die Abenteuerlust einer gewissen Sorte von Schreiern, Krakehlmachern und Schwätzern vermochte, die Bewegung einesteils prahlerisch hochzuheben und anderteils in die Gemeinheit des Tages herabzuziehen, das bemerkten die Feinde dieses »Gedankens« mit einer Art vergnüglichem Hohnlächeln. Die ganze Welt, Europa und die übrigen Erdteile, so hieß es damals unter den jungen und halbreifen Geistern, verbände und vereinige diese Idee zu einer fröhlichen Menschenversammlung, aber nur wer arbeite, sei berechtigt, usw.