Aymé, La Vouivre p. 224-225 :
"Une fille qui ne meurt pas, ce n'est pas à faire envie ; quand on est de faire une chose, si on n'en voit pas venir le bout, on ne sait pas ce qu'on fait et on ne fait autant dire rien. […] Je la regardais qui tricotait sa chaussette. Je me disais que si elle n'avait pas eu déjà dans l'idée ce que serait le bout de la chaussette, son travail n'aurait pas ressemblé à grand'chose. Je me disais aussi que la vie, c'est pareil, que pour bien la mener, il faut penser à la fin. […] La Vouivre rêvait à son destin uni et informe dont elle ne disposerait jamais. Il lui semblait avec évidence qu'Arsène fût maître du sien comme l'était sa mère de tricoter sa chaussette. Rien de plus désirable, de plus rafraîchissant que de porter ainsi sa fin en soi-même et d'y travailler maille après maille."