Goya, annonce "anonyme" des Caprices, Diario de Madrid 6 et 19 février 1799 :
Extrait de : G. Didi-Huberman. Atlas ou le gai savoir inquiet ciité par J.-P. Dhainault, 2005, p. 31-32 (trad. légèrement modifiée).
"Entre les multiples extravagances et erreurs (extravagancias y desaciertos) qui sont communes dans toute société civile, entre les préoccupations et embûches vulgaires autorisées par l’habitude, l’ignorance ou l’intérêt, l’auteur, persuadé que la recension critique des erreurs et des vices humains (la censura de los errores y vicios humanos) [...] peut être aussi l’objet de la peinture, a choisi comme sujets propres pour son œuvre ceux qu’il a cru aptes à fournir matière au ridicule (materia para el ridículo) et exerce en même temps la fantaisie de l’artifice (ejercitar al mismo tiempo la fantasía del artífice). [L’auteur] a tenté d’exposer à la vue des formes et des attitudes (exponer a los ojos formas y actitudes) qui ont seulement existé jusqu’à présent dans l’esprit humain, obscurci et confus (la mente humana obscurecida y confusa) par le manque de culture ou altéré par le déchaînement des passions (desenfreno de las pasiones). [...] La peinture (comme la poésie) choisit dans l’universel (universal) ce qu’elle juge plus propre à ses fins ; elle réunit en un seul personnage fantastique ou imaginé (personage fantástico) circonstances et caractères que la nature répartit entre plusieurs ; de cette combinaison (esta combinación), ingénieusement disposée (ingeniosamente dispuesta), il résulte une heureuse imitation par laquelle elle acquiert, lorsqu’elle use d’un bon artifice, le titre d’inventeur (inventor) et non celui de copiste servile."