dimanche 21 avril 2024

Sallis (paysage urbain)

Sallis, Bois mort [Cypress Grove], trad. Estournet & Seago, chap. 2 :

"Il fit descendre la bête [=l'auto] le long de Jefferson, au travers d’une spectaculaire collection de nids-de-poule, jusqu’à Washington Bottoms et ce qui semblait être soit une zone d’entrepôts depuis longtemps abandonnée, soit le décor d’une saga de science-fiction d’après-guerre. Nous nous rangeâmes près des seules formes de vie visibles, toutes agglutinées autour d’une station Spur qui annonçait «Le top du barbecue». Un immeuble d’habitation de quatre étages s’était effondré et une jeune femme était assise sur le rebord du trottoir à contempler ses chaussures, des filets de salive serpentant lentement le long d’un T-shirt noir où on pouvait lire ATEFUL DE D. Sur la droite, une gigantesque dent en bois pourrie pendait devant ce qui avait été autrefois l’officine d’un dentiste. Du terrain vague à gauche, vierge de toute empreinte humaine, avait éclos une fière moisson de pneus de voiture, de sacs d’ordures, de pièces de chariots de supermarché, de bicyclettes et de glacières en plastique, d’éclats de briques et de parpaings."


He hauled the beast down Jefferson towards Washington Bottoms, over a spectacular collection of potholes and into what appeared to be either a long-abandoned warehouse district or the set for some postwar science fiction epic. We pulled up alongside the only visible life-forms hereabouts, all of them hovering about a Spur station advertising “Best Barbecue.” A four-floor apartment house across the street had fallen into itself and a young woman sat on the curb outside staring at her shoes, strings of saliva snailing slowly down a black T-shirt reading ATEFUL DE D. A huge rotting wooden tooth hung outside the onetime dentist’s office to the right. The empty lot to the left had grown a fine crop of treadbare auto tires, bags of garbage, bits and pieces of shopping carts, bicycles and plastic coolers, jagged chunks of brick and cinder block.