Voiture, Stances sur une dame dont la jupe fut retroussée en versant dans un carrosse, à la campagne (1645) :
Philis, je suis dessous vos lois,
Et sans remède à cette fois,
Mon âme est votre prisonnière :
Mais sans justice et sans raison,
Vous m'avez pris par le derrière,
N'est-ce pas une trahison ?
Je m'étais gardé de vos yeux ;
Et ce visage gracieux,
Qui peut faire pâlir le nôtre ;
Contre moi n'ayant point d'appas,
Vous m'en avez fait voir un autre,
De quoi je ne me gardais pas.
D'abord il se fit mon vainqueur,
Ses attraits percèrent mon cœur,
Ma liberté se vit ravie ;
Et le méchant en cet état,
S'était caché toute sa vie,
Pour faire cet assassinat.
Il est vrai que je fus surpris,
Le feu passa dans mes esprits :
Et mon cœur autrefois superbe,
Humble se rendit à l'Amour,
Quand il vit votre cul sur l'herbe,
Faire honte aux rayons du jour.
Le soleil confus dans les cieux
En le voyant si radieux
Pensa retourner en arrière,
Son feu ne servant plus de rien.
Mais ayant vu votre derrière,
Il n'osa pas montrer le sien...
La Rose, la Reine des fleurs
Perdit ses plus vives couleurs
De crainte, l'œillet devint blême
Et Narcisse, alors convaincu
Oublia l'amour de soi-même
Pour se mirer en votre cul !