Un texte par jour, ou presque, proposé par Michel PHILIPPON (littérature, philosophie, arts, etc.).
samedi 27 juin 2020
Rouart (Denis) (technique picturale)
vendredi 26 juin 2020
Bourget (décadence)
jeudi 25 juin 2020
Flaubert (conversation amoureuse)
mercredi 24 juin 2020
Nabokov + Dubuffet (implicite)
Nabokov, Gogol, Tourgueniev, Dostoïevski, Stock p. 149 :
"Comme la majorité des écrivains de son époque, Tourguéniev est beaucoup trop explicite, ne laissant rien à l'intuition du lecteur, suggérant puis expliquant lourdement quelle était la suggestion. Les épilogues élaborés de ses romans et les longues nouvelles sont désagréablement artificiels, l'auteur s'efforçant de satisfaire pleinement la curiosité du lecteur concernant les destinées respectives de ses personnages d'une manière qu'on ne saurait qualifier d'artistique."
Dubuffet, entretien radio 1954 :
"... au sujet du caractère sommaire de mes travaux, qui s'apparentent aux dessins d'enfant. Les dessins d'enfant sont en général faits hâtivement et avec des moyens très sommaires. Il est exact que j'ai un goût pour les façons de s'exprimer très sommaires ; et ce goût je crois qu'il vient d'une impression que j'ai, que si on fait un visage trop complètement, on empêche l'imagination du spectateur de fonctionner ; si on fait un tableau où tous les éléments sont détaillés, le spectateur de ce tableau a son horizon bouché ; son mécanisme imaginatif ne fonctionne pas. Au lieu que si on lui donne quelque chose d'un peu sommaire, il se produit un mécanisme psychologique chez lui qui entraîne son imagination à fonctionner, à suppléer aux choses qui n'existent pas sur le tableau, à le rajouter."
mardi 23 juin 2020
Gary-Ajar + Boutet (boa)
lundi 22 juin 2020
Gary-Ajar (poignée)
Gary-Ajar, Gros-Câlin Folio [1982] p. 188-189 :
« Je me dirigeai vers la porte. […] Je gardai la main sur le poignon. Le mognon. Enfin, la poignée, je veux dire. […] La porte était coincée. Ou c’était peut-être moi. Quelque chose était absolument coincé, en tout cas. Je n’arrivais pas à tourner la poignée. C’était un de ces trucs ronds, en cuivre, qui glissent. Il n’y a pas prise.
Je faisais des efforts de gauche à droite et de droite à gauche mais c’était complètement coincé à l’intérieur. Noué. J’avais fait encore plus de nœuds que d’habitude et je n’arrivais pas à ouvrir. […]
— Je vous demande pardon, monsieur le Directeur, mais ça s’est coincé. Je n’arrive pas à ouvrir cette porte.
— Permettez… Voilà. Il suffit de tourner.
— Je pense que les vieilles poignées de nos ancêtres avec manches tout droits et simples étaient beaucoup plus pratiques. Ça glisse dans la main, cette saloperie-là, on n’a pas prise.
Le directeur gardait la main sur mon épaule comme chez lui.
— Oui, je vois, c’est bien ça… On n’a pas prise… Ça échappe. Vous avez peut-être raison, Cousin.
— C’est mal conçu, mal foutu, si vous voulez mon avis, monsieur le Directeur.
— Exact.
— C’est même absolument dégueulasse et inadmissible, voilà, monsieur le Directeur. Je le dis comme je le pense et j’en pense quelque chose, je puis vous en assurer.
— Bien sûr, bien sûr, mais ce n’est pas une raison, Cousin, allons. Tenez, prenez mon mouchoir.
— Ça glisse dans la main, cette saloperie, un point c’est tout, il n’y a pas à chier.
— Il n’y a pas à…
— … À chier. À chier, monsieur le Directeur, et du fond du cœur. Bien sûr, si on serre très fort, si on s’accroche… Mais je pense que les portes doivent s’ouvrir plus facilement.
— Vous avez raison… Remettez-vous. Ce sont là des choses qui arrivent. Vous êtes très bien noté. Il y a des machins électroniques qui s’ouvrent automatiquement quand on met les pieds en avant.
— Les pieds en avant, évidemment, c’est facile. »
dimanche 21 juin 2020
Quignard (transitions)
Quignard, entretien, France-Culture, octobre 2016 :
« … couper tout ce qui est mauvais, retirer tout ce qui est sentimental […] J’ai été influencé par le cinéma ‘cut up’ ; maintenant, je trouve qu’avec les arts que nous avons expérimentés, les liaisons sont devenues complètement inutiles ou même fastidieuses ; expliquer ce qui s’est passé dans le chapitre précédent… On peut faire confiance à l’intelligence de ceux qui lisent, et faire ‘cut’ sans arrêt, et les gens bondissent comme il faut. [animateur : « La marquise sortit… » c’est terminé ?] Je pense que oui, que c’est le cinéma qui a permis cela, même au théâtre, dans la danse, la liaison est devenue insupportable. Si vous prenez par exemple les textes de la Renaissance, ces longues périodes où on dit dix fois la même chose, […] c’est devenu insupportable. »