Ramuz, Les Circonstances de la vie, chap. V :
"On les vit ainsi toutes défiler ; elles ne comptaient pas ordinairement plus de vingt musiciens ; c’était selon les catégories, mais la plupart avaient des uniformes. Des uniformes très brillants, bien cousus, en beau drap ; on aurait dit des uniformes d’officiers à cause des galons ; les uns ressemblaient aux uniformes militaires du pays, les autres se distinguaient par plus de fantaisie ; quelques musiques avaient des képis avec des pompons ; quelques-unes des casquettes avec des plumets ; presque toutes des épaulettes ; et le porte-drapeau (car il y en a toujours un) avait un large baudrier de cuir verni. Les couleurs habituelles étaient le rouge et le bleu foncé ; plus rarement le gris : la Sentinelle de la Broie portait même des tuniques vertes, mais la plus belle de toutes était la fanfare italienne ; un grand panache de plumes de coq blanches couvrait jusqu’à la visière la casquette de drap ; les franges dorées des épaulettes étaient longues en proportion ; ils avaient au pantalon des bandes rouges, larges comme trois doigts ; enfin sur la poitrine tout un écheveau d’aiguillettes également en or. D’un côté, elles étaient rattachées à l’épaule par une sorte de cocarde ; de l’autre, elles pendaient plus bas que la ceinture ; à chaque mouvement elles cliquetaient sur le cuir. Le commandant, lui, avait une épée et des gants blancs."