Despentes, Apocalypse bébé :
"Il voit bien, Claire, avec ses deux filles, c’est différent. Tout est évident. Claire est contente de s’occuper de faire changer l’appareil dentaire de la grande, de surveiller les cours de danse de la petite, leurs résultats scolaires l’intéressent, elle s’entend bien avec leurs maîtresses. Même ce qu’elles mangent pour le goûter fait l’objet d’une conversation. Il aime sa fille. Mais toute cette maintenance qu’il a fallu assurer seul, quelle poisse. Pour écrire, pour sortir, pour écouter un disque tranquille, pour lire le matin, pour l’intimité avec Claire. La poisse, constante. La corde au cou, c’est les enfants, tout le reste est aménageable. Et encore, tant que Valentine était petite, il y avait un côté mignon, les pantoufles Aristochats, lui montrer les films de Buster Keaton, son costume de Cosette pour la fête de l’école. Il y avait une douceur, en plus des emmerdements. Mais ces dernières années, elle a épuisé l’angoisse dont il se sentait capable."
[…]
"Les enfants sont les vecteurs autorisés de la sociopathie des parents. Les adultes geignent en faisant mine d’être dépassés par la vitalité destroy des petits, mais on voit bien qu’ils jouissent d’enfin pouvoir emmerder le monde, en toute impunité, au travers de leur progéniture. Quelle haine du monde a bien pu les pousser à se dupliquer autant ?"