jeudi 13 novembre 2025

Westlake (noir)

Westlake (Donald), Comment voler une Banque, chap. 9 :

"Herman [afro-américain] pensait à sa soirée, à ses invités, à son choix pour le reste de la nuit, et au menu du dîner.

Il l’avait élaboré avec le plus grand soin. Il avait prévu de commencer par des cocktails, des Negroni ; la puissance du gin assombrie par la douceur du vermouth et du Campari. Pour grignoter tout en buvant, il y aurait du caviar et des olives noires dénoyautées. Ensuite, à table, lorsque le véritable repas débuterait, il leur servirait une soupe de haricots noirs, suivie par un filet de bar noir poché, accompagné d’une bonne bouteille de Schwartzekatz. Pour le plat principal, il leur proposerait un steak de Black Angus, sauté au beurre noir, décoré de truffes noires et servi avec son accompagnement de riz noir, le tout arrosé d’un bon pinot noir. En dessert, une tête de nègre, puis le café. De retour dans le salon, en guise de digestifs, il leur offrirait des Black Russians ou de l’eau-de-vie de mûre noire et des noix noires à grignoter."


mercredi 12 novembre 2025

Huysmans (noir)

Huysmans, À Rebours (1884), chap 1 :

"[...] Pour célébrer la plus futile des mésaventures, il avait organisé un repas de deuil.

Dans la salle à manger tendue de noir, ouverte sur le jardin de sa maison subitement transformé, montrant ses allées poudrées de charbon, son petit bassin maintenant bordé d'une margelle de basalte et rempli d'encre et ses massifs tout disposés de cyprès et de pins, le dîner avait été apporté sur une nappe noire, garnie de corbeilles de violettes et de scabieuses, éclairée par des candélabres où brûlaient des flammes vertes et, par des chandeliers où flambaient des cierges.

Tandis qu'un orchestre dissimulé jouait des marches funèbres, les convives avaient été servis par des négresses nues, avec des mules et des bas en toile d'argent, semée de larmes. »

On avait mangé dans des assiettes bordées de noir, des soupes à la tortue, des pains de seigle russe, des olives mûres de Turquie, du caviar, des poutargues de mulets, des boudins fumés de Francfort, des gibiers aux sauces couleur de jus de réglisse et de cirage, des coulis de truffes, des crèmes ambrées au chocolat, des poudings, des brugnons, des raisinés, des mûres et des guignes ; bu, dans des verres sombres, les vins de la Limagne et du Roussillon, des Tenedos, des Val de Peñas et des Porto ; savouré, après le café et le brou de noix, des kwas, des porter et des stout.

Le dîner de faire-part d’une virilité momentanément morte était-il écrit sur les lettres d'invitations semblables à celles des enterrements."


[deux étrangetés dans cette dernière phrase : 1/ "le dîner de faire-part" : on attendrait plutôt "le faire-part du dîner".. ; 2/ le "était-il" me semble injustifié]


note de Fumaroli :

Ce « repas de deuil » a pour « modèle » le souper « funèbre » que le fameux Grimod de La Reynière, âgé de vingt-cinq ans, avait donné à Paris en 1783, et qui avait eu un grand retentissement. Grimm, dans la Correspondance (t. XIII, p. 25) et Bachaumont dans ses Mémoires secrets (t. XXII, p. 76) en font le récit. Grimod fit de ce souper une opération publicitaire au moment où il publiait ses Réflexions philosophiques sur le plaisir par un célibataire."


... à suivre...