Van Gogh, lettre à Théo, 1885, in Rosenberg, Chardin p. 102 :
"Mais Chardin !
J'ai souvent souhaité pour Chardin savoir quelque chose de l'homme...
Tiers état dans le genre Corot quant à la bonhomie, mais avec plus chagrins, plus de rêves dans sa vie...
J'ai beaucoup aimé ce qu'il [Goncourt] dit de Chardin. Je suis de plus en plus convaincu que les vrais peintres ne finissaient pas leurs tableaux, dans le sens qu'on a trop souvent donné au fini, c'est-à-dire si poussés qu'on puisse fourrer le nez dessus. Vu [sic] de tout près, les meilleurs tableaux, et justement les plus complets au point de vue technique, sont faits de touches de couleurs posées tout près l'une de l'autre. Ils ne font tout leur effet qu'à une certaine distance... A ce point de vue, Chardin est aussi grand que Rembrandt...
Je voudrais te dire bien des choses, surtout parce que Chardin me donne à penser, notamment en fait de couleurs, et de ne pas user de la couleur locale. Je trouve magnifique ce propos : "Comment surprendre, comment dire de quoi est faite cette bouche démeublée, qui a d'infinies délicatesses ? Cela n'est fait que de quelques traces de jaune, quelque balayures de bleu." Quand j'ai lu cela, j'ai pensé à la vue de ville de VerMeer de Delft, à La Haye."