jeudi 20 octobre 2022

Bloy + Péguy (autothéisme)

Bloy, Belluaires et porchers (1905) : 

"Le Dieu du Calvaire et des Sacrements est depuis longtemps au rancart, c'est bien entendu, et le Narcisse qui est au fond de tout coeur humain l'a très plausiblement remplacé. Chaque moderne porte en soi une petite Eglise infaillible dont il est le Christ et le Pontife et la grosse affaire est d'y attirer le plus grands nombre de paroissiens. Mais comme il est de l'essence de toute foi de tendre à l'œcuménicité, la momerie se dilate naturellement en raison inverse de l'exiguïté du tabernacle. On voit alors cette merveille d'une âme publique se badigeonnant de vertu pour s'absoudre et se communier elle-même et mériter, par ce moyen, le Paradis de ses propres complaisances"


Péguy, Un Poète l'a dit (1907) :

"Ce siècle qui se dit athée ne l'est point. Il est autothée, ce qui est un bien joli mot, et bien de son temps. Il s'est littéralement fait son propre Dieu, et sur ce point il y a une croyance ferme. Il y était conduit d'ailleurs inévitablement. Puisqu'il était conduit irrévocablement à faire, à créer un deuxième monde, une deuxième création qui était l'imitation, la reproduction, la répétition, le recommencement exact du premier, il était conduit par suite et encore plus irrévocablement pour ainsi dire ensemble à faire aussi, à faire logiquement avant, à créer un Créateur, un deuxième Créateur [...]."