samedi 25 juillet 2020

Coe (repas)


Coe, Bienvenue au club, Le Chevelu et la Minette, [traduction Chauvin] ; Folio chapitre 6 :
« Sheila et Colin surtout étaient dans une forme éblouissante, enflammés par la réussite éclatante d’un repas qui avait constitué, s’avouaient-ils modestement, un sommet de la gastronomie. Après des hors-d’œuvre à base de sel, de vinaigre, de fromage et de chips aux oignons, servis dans des bols en Tupperware, on était passé au premier service : des tranches de melon surmontées de cerises confites et accompagnées de généreuses rasades de Blue Nun. Puis venaient les steaks, calcinés avec une précision d’orfèvre tout en demeurant identifiables à l’œil exercé du gourmet, et garnis de frites, de champignons, de salade, et de vinaigrette en cuillerées illimitées, tandis que le Blue Nun, il va sans dire, coulait en cascade bachique. Enfin, d’énormes portions de Forêt Noire, royalement ensevelies sous la chantilly, furent infligées aux ventres gonflés et aux yeux vitreux des convives comblés, tandis que la cataracte de Blue Nun atteignait en débit une intensité que nul n’eût crue possible. Un jeu de chaises musicales permit à Sam et à Colin de s’asseoir côte à côte, et ils ne tardèrent pas à mobiliser en renfort du vin ce qui représentait sans doute possible le fleuron de la cave des Trotter : la bière maison de Colin, qu’il brassait dans un fût de vingt litres sous l’escalier, au fond d’un placard, en utilisant un équipement sophistiqué acheté au supermarché. Il ne se faisait pas faute de souligner que cela lui revenait à un peu moins de deux pence la pinte : un prix ridiculement bas pour un breuvage qui ne différait des grandes marques du commerce que par son aspect trouble et verdâtre, son faux col qui occupait les deux tiers du verre et son arrière-goût d’acide chlorhydrique. »


« Sheila and Colin in particular were on sparkling form, fired by the success of the meal which had, they quietly admitted to themselves, been a gastronomic triumph. After hors d’oeuvres of salt and vinegar and cheese and onion crisps, served in tupperware bowls, they had moved on to a course of melon slices, topped with glacé cherries and washed down with generous glassfuls of Blue Nun. It was followed by sirloin steak – each portion charred, with exquisite calculation, almost but not quite to the point of unrecognizability – served with chips, mushrooms, salad and unlimited dollops of salad cream, while the Blue Nun, needless to stay, continued to flow in a Bacchanalian torrent. Finally, fat wedges of Black Forest gâteau, doused remorselessly with double cream, were thrust before the swollen bellies and glazed eyes of the satisfied diners, and the Blue Nun began to flow faster and more freely even than before, if that could be considered possible. Places were swapped so that Sam and Colin moved next to each other, and soon they began to supplement their wine with what was indisputably the Trotter household’s alcoholic pièce de résistance : Colin’s homemade light ale, which he brewed in a forty-pint plastic keg in the cupboard under the stairs, using a kit from Boots the Chemist. The cost, as he was always ready to point out, worked out at a little under 2p per pint : an astonishing price to pay for a drink which differed hardly at all from the commercially manufactured beers, except that this one tended to come out of the keg looking cloudy and green, with a head that took up at least two-thirds of the glass and an afterburn like fermented WD 40.  »

vendredi 24 juillet 2020

Maupassant (musique)


Maupassant, Mont-Oriol II, I
«  "Oui, mon cher, c'est fini, fini, fini, des [sic] rengainards de la vieille école. Les mélodistes ont fait leur temps. Voilà ce qu'on ne veut pas comprendre. 
La musique est un art neuf. La mélodie en est le bégaiement. L'oreille ignorante a aimé les ritournelles. Elle y prenait un plaisir d'enfant, un plaisir de sauvage. J'ajoute que les oreilles du peuple ou du public naïf, les oreilles simples aimeront toujours les petites chansons, les airs enfin. C'est un amusement assimilable à celui que prennent les habitués des cafés-concerts. 
Je vais me servir d'une comparaison pour me faire bien comprendre. L'oeil du rustre aime les couleurs brutales et les tableaux éclatants, l'oeil du bourgeois lettré mais non artiste aime les nuances aimablement prétentieuses et les sujets attendrissants ; mais l'oeil artiste, l'oeil raffiné, aime, comprend, distingue les insaisissables modulations d'un même ton, les accords mystérieux des nuances, invisibles pour tout le monde. 
De même en littérature : les concierges aiment les romans d'aventures, les bourgeois aiment les romans qui les émeuvent, et les vrais lettrés n'aiment que les livres artistes incompréhensibles pour les autres. 
Quand un bourgeois me parle musique, j'ai envie de le tuer. Et quand c'est à l'Opéra, je lui demande : "Êtes-vous capable de me dire si le troisième violon a fait une fausse note à l'ouverture du troisième acte ? - Non. - Alors taisez-vous. Vous n'avez pas d'oreille." L'homme qui, dans un orchestre, n'entend pas en même temps l'ensemble, et séparément tous les instruments, n'a pas d'oreille et n'est pas musicien. Voilà ! Bonsoir !" 
Il pivota sur un talon, et reprit : "Pour un artiste toute la musique est dans un accord. Ah ! mon cher, certains accords m'affolent, me font entrer dans toute la chair un flot de bonheur inexprimable. J'ai aujourd'hui l'oreille tellement exercée, tellement faite, tellement mûre, que je finis par aimer même certains accords faux, comme un amateur dont la maturité de goût arrive à la dépravation. Je commence à être un corrompu qui cherche les extrêmes sensations d'ouïe. Oui, mes amis, certaines fausses notes ! Quelles délices ! Quelles délices perverses et profondes ! Comme ça remue, comme ça ébranle les nerfs, comme ça gratte l'oreille, comme ça gratte... ! comme ça gratte... !" 
    Il se frottait les mains avec ravissement, et il chantonna : "Vous entendrez mon opéra, - mon opéra, - mon opéra. - Vous entendrez mon opéra." 

jeudi 23 juillet 2020

Céline + Queneau + Delibes (finitude)


Céline, Mort à crédit [1936], Pléiade p. 900-901 : 
« Enfin ! Y avait pas d’urgence... Je pouvais un peu réfléchir... Ça faisait déjà des années que j’avais quitté les Berlope... et le petit André... Il devait avoir plutôt grandi, ce gniard dégueulasse!... Il devait bagotter ailleurs maintenant... pour des autres darons... Peut-être même plus dans les rubans... On était venus assez souvent par là ensemble tous les deux... Là précisément auprès du bassin, sur le banc à gauche... attendre le canon de midi... C’était loin déjà ce temps-là qu’on était arpètes ensemble... Merde ! Ce que ça vieillit vite un môme ! J’ai regardé par-ci, par-là, si je le revoyais pas par hasard le petit André... Y a un placier qui m’avait dit qu’il était plus chez les Berlope... Qu’il travaillait dans le Sentier... Qu’il était placé comme « jeune homme »... Quelquefois, il m’a semblé le reconnaître sous les arcades... et puis non !...
C’était pas lui !... Peut-être qu’il était plus tondu ?... Je veux dire que la couenne comme en ce temps-là... Peut- être qu’il l’avait plus sa tante !... Il devait sûrement être quelque part en train de courir après sa croûte !... sa réjouissance... Peut-être que je le reverrais plus jamais... qu’il était parti tout entier... qu’il était entré corps et âme dans les histoires qu’on raconte... Ah ! c’est bien terrible quand même... on a beau être jeune quand on s’aperçoit pour le premier coup... comme on perd des gens sur la route... des potes qu’on reverra plus... plus jamais... qu’ils ont disparu comme des songes... que c’est terminé... évanoui... qu’on s’en ira soi-même se perdre aussi... un jour très loin encore... mais forcément... dans tout l’atroce torrent des choses, des gens... des jours... des formes qui passent... qui s’arrêtent jamais... Tous les connards, les pilons, tous les curieux, toute la frimande qui déambule sous les arcades, avec leurs lorgnons, leurs riflards et les petits clebs à la corde... Tout ça, on les reverra plus... Ils passent déjà... Ils sont en rêve avec des autres... ils sont en cheville... ils vont finir... C’est triste vraiment... C’est infâme !... les innocents qui défilent le long des vitrines... Il me montait une envie farouche... j’en tremblais moi de panique d’aller sauter dessus finalement... de me mettre là devant... qu’ils restent pile... Que je les accroche au costard... une idée de con... qu’ils s’arrêtent... qu’ils bougent plus du tout !... Là, qu’ils se fixent !... une bonne fois pour toutes !... Qu’on les voye plus s’en aller. »

Queneau, Les derniers Jours [1936] chap XVI 
« Pourquoi donc y avait-il des choses, pourquoi donc devaient-elles périr ?
Un des enfants se mit à pleurer. Un vieillard sortit d’une des maisons et se traîna vers un banc en fumant une vieille pipe. Le patron du café avait fini lecture et cigarette et bâillait au soleil. Deux ménagères s’interpellaient d’un bout à l’autre de la place. Un marchand d’habits se mit à chanter. Un chat courut d’une rue à l’autre, obliquement. Les arbres verdissaient, car c’en était l’époque. Contre l’un d’eux, un chien pissa après l’avoir bien reniflé, puis il rendit visite à un autre. La femme chantait maintenant Le Temps des cerises. Tuquedenne se sentit prêt à pleurer et s’attendrit sur l’inexistence des choses.
Comment les sauver ? Oui, comment sauver les choses ? Comment arracher les choses au néant, comment les délivrer de l’Être ? Comment donner au particulier sa raison d’être en lui-même ? Comment donner à l’instant, et le devenir et l’éternité ? »

Delibes (Miguel), Le Chemin [1950] trad. R. Chaulet p. 169-170 : 
« Daniel le Hibou passa la nuit en veille près du mort. […] Quelque chose se fana soudain tout au fond de son être : peut-être la foi en la pérennité de l'enfance. Il se rendit compte qu'ils finiraient tous par mourir, les vieux et les enfants. Il n'avait jamais pensé à ça, et maintenant que ça lui arrivait, une sensation vive et angoissante l'asphyxiait presque. Vivre de cette manière, cela avait quelque chose d'éclatant, et en même temps, de sombre et d'affligeant. Vivre c'était mourir jour après jour, peu à peu, inexorablement. À la longue, ils finiraient tous par mourir : lui, don José, son père, le fromager, sa mère, les Guignes, Quino, les cinq Lapines, Antonio le Ventru, la Mica, la Mariuca-uca, don Antonino le marquis, et même Paco le forgeron. Ils étaient tous transitoires et éphémères, et au bout de cent ans, il ne resterait plus trace d'eux sur les pierres du village. De même que maintenant il ne restait pas trace de ceux qui les avaient précédés il y a une centaine d'années. La mutation se produirait d'une manière lente et imperceptible. Ils finiraient tous par disparaître du monde, absolument tous ceux qui peuplaient sa surface et le monde ne se rendrait pas compte du changement. La mort était laconique, mystérieuse et terrible. »

Daniel, el Mochuelo, pasó la noche en vela, junto al muerto. Sentía que algo grande se velaba dentro de él y que en adelante nada sería como había sido. Él pensaba que Roque, el Moñigo, y Germán, el Tiñoso, se sentirían muy solos cuando él se fuera a la ciudad a progresar, y ahora resultaba que el que se sentía solo, espantosamente solo, era él, y sólo él. Algo se marchitó de repente muy dentro de su ser: quizá la fe en la perennidad de la infancia. Advirtió que todos acabarían muriendo, los viejos y los niños. Él nunca se paró a pensarlo y al hacerlo ahora, una sensación punzante y angustiosa casi le asfixiaba. Vivir de esta manera era algo brillante, y a la vez, terriblemente tétrico y desolado. Vivir era ir muriendo día a día, poquito a poco, inexorablemente. A la larga, todos acabarían muriendo: él, y don José, y su padre, el quesero, y su madre, y las Guindillas, y Quino, y las cinco Lepóridas, y Antonio, el Buche, y la Mica, y la Mariuca—uca, y don Antonino, el marqués, y hasta Paco, el herrero. Todos eran efímeros y transitorios y a la vuelta de cien años no quedaría rastro de ellos sobre las piedras del pueblo. Como ahora no quedaba rastro de los que les habían precedido en una centena de años. Y la mutación se produciría de una manera lenta e imperceptible. Llegarían a desaparecer del mundo todos, absolutamente todos los que ahora poblaban su costra y el mundo no advertiría el cambio. La muerte era lacónica, misteriosa y terrible.

comparer à

mercredi 22 juillet 2020

Hegel (méthode)


Hegel, Phénoménologie de l'Esprit trad. J. Hyppolite, éd. Aubier tome 1 pp. 66-67 : 
« Si la crainte de tomber dans l'erreur introduit une méfiance dans la science, (science qui sans ces scrupules se met d'elle-même à l'œuvre et connaît effectivement), on ne voit pas pourquoi, inversement, on ne doit pas introduire une méfiance à l'égard de cette méfiance et pourquoi on ne doit pas craindre que cette crainte de se tromper ne soit déjà l'erreur même. En fait, cette crainte présuppose quelque chose, elle présuppose même beaucoup comme vérité, et elle fait reposer ses scrupules et ses déductions sur cette base qu'il faudrait d'abord elle-même examiner pour savoir si elle est la vérité. Elle présuppose précisément des représentations de la connaissance comme d'un instrument et d'un milieu, elle présuppose aussi une différence entre nous-mêmes et cette connaissance ; surtout, elle présuppose que l'absolu se trouve d'un côté, et elle présuppose que la connaissance se trouvant d'un autre côté, pour soi et séparée de l'absolu, est pourtant quelque chose de réel. En d'autres termes, elle présuppose que la connaissance, laquelle étant en-dehors de l'absolu, est certainement aussi en-dehors de la vérité, est pourtant encore véridique, admission par laquelle ce qui se nomme crainte de l'erreur se fait plutôt soi-même connaître comme crainte de la vérité. »

traduction B. Bourgeois, Vrin 2006 p. 119 :
« Si la préoccupation liée à la crainte de tomber dans l'erreur fait se méfier de la science, qui se met à l'ouvrage même et connaît effectivement en l'absence de scrupules de ce genre, on ne voit pas pourquoi il ne faudrait pas, à l'inverse, se méfier d'une telle méfiance et être préoccupé par l'idée que cette crainte d'errer est déjà l'erreur même. En réalité, la préoccupation en question présuppose quelque chose et, sans aucun doute, beaucoup de choses comme étant la vérité, et c'est ce sur quoi elle appuie ses scrupules et les conséquences qu'elle en tire, ce qui est soi-même à soumettre à un examen préalable pour voir si c'est la vérité. Elle présuppose, en effet, des représentations de la connaissance comme d'un instrument et d'un milieu, également une différence de nous-mêmes d'avec cette connaissance, - mais surtout cette idée que l'absolu se tiendrait d'un côté et que, de l'autre côté, la connaissance, prise pour elle-même et en étant séparée de l'absolu, serait pounant quelque chose de réel, ou, du même coup, que la connaissance qui, en tant qu'elle est en dehors de l'absolu, est bien aussi en dehors de la vérité, serait pourtant vraie, supposition par laquelle ce qui s'appelle crainte de l'erreur se fait connaître plutôt comme crainte de la vérité »

Inzwischen wenn die Besorgnis, in Irrtum zu geraten, ein Misstrauen in die Wissenschaft setzt, welche ohne dergleichen Bedenklichkeiten ans Werk selbst geht und wirklich erkennt, so ist nicht abzusehen, warum nicht umgekehrt ein Misstrauen in dies Misstrauen gesetzt und besorgt werden soll, dass diese Furcht zu irren schon der Irrtum selbst ist. In der Tat setzt sie etwas, und zwar manches, als Wahrheit voraus, und stuetzt darauf ihre Bedenklichkeiten und Konsequenzen, was selbst vorher zu pruefen ist, ob es Wahrheit sei. Sie setzt naemlich Vorstellungen von dem Erkennen als einem Werkzeuge und Medium, auch einen Unterschied unserer selbst von diesem Erkennen voraus; vorzueglich aber dies, dass das Absolute auf einer Seite stehe, und das Erkennen auf der andern Seite fuer sich und getrennt von dem Absoluten doch etwas Reelles, oder hiemit, dass das Erkennen, welches, indem es ausser dem Absoluten, wohl auch ausser der Wahrheit ist, doch wahrhaft sei; eine Annahme, wodurch das, was sich Furcht vor dem Irrtume nennt, sich eher als Furcht vor der Wahrheit zu erkennen gibt.

mardi 21 juillet 2020

Queneau (Alfred)


Queneau, Les derniers Jours, chapitre « XIX » : 
« Je me remettrai à servir sans arrêt des boissons sans nombre, des chaudes en hiver et des froides en été, et de l’alcool en toute saison. Et je verrai revenir chaque jour les habitués et changer chaque jour les clients de passage comme reviennent chaque année les saisons et comme change chaque année l’âge des gens. Et je serai immuable et parfaitement équilibré car j’aurai reconquis ma fortune perdue, accomplissant mon destin. Je regarderai s’agiter les jeunes et les vieux, les mâles et les femelles, les hommes et les chiens, les chats et les souris, les feuilles sur les branches, les nuages sur les toits, les vieux journaux sur les trottoirs, les idées dans les crânes, les passions dans les cœurs, les sexes dans les pantalons. Immobile et immuable, je regarderai tout cela comme l’eau d’un lac reflète le vol des oiseaux migrateurs sans laisser rider sa surface par le battement de leurs ailes. »

lundi 20 juillet 2020

Melville (contraste)


Melville, Moby-Dick, chapitre 11, traduction Guex-Rolle (Garnier-Flammarion 1970) : 
"Notre confort nous paraissait d’autant plus agréable qu’il faisait froid dehors et même hors de nos couvertures dans cette chambre sans feu. Je dis d’autant plus encore parce que le fait d’avoir une petite partie du corps exposée au froid peut seul vous faire savourer pleinement votre propre chaleur animale, car tout plaisir, en ce monde, ne vaut que par contraste. Rien n’existe en soi. Si vous vous flattez d’être envahi de bien-être de la tête aux pieds et qu’il en ait été ainsi pendant fort longtemps, alors on ne peut pas dire que vous sachiez encore ce qu’est le bien-être. Mais si, à l’instar de Queequeg et moi au lit, vous avez eu le bout du nez, le front et les oreilles légèrement gelés, alors en vérité vous serez infiniment persuadés d’avoir délicieusement chaud."

We felt very nice and snug, the more so since it was so chilly out of doors ; indeed out of bed-clothes too, seeing that there was no fire in the room. The more so, I say, because truly to enjoy bodily warmth, some small part of you must be cold, for there is no quality in this world that is not what it is merely by contrast. Nothing exists in itself. If you flatter yourself that you are all over comfortable, and have been so a long time, then you cannot be said to be comfortable any more. But if, like Queequeg and me in the bed, the tip of your nose or the crown of your head be slightly chilled, why then, indeed, in the general consciousness you feel most delightfully and unmistakably warm.