lundi 20 juillet 2020

Melville (contraste)


Melville, Moby-Dick, chapitre 11, traduction Guex-Rolle (Garnier-Flammarion 1970) : 
"Notre confort nous paraissait d’autant plus agréable qu’il faisait froid dehors et même hors de nos couvertures dans cette chambre sans feu. Je dis d’autant plus encore parce que le fait d’avoir une petite partie du corps exposée au froid peut seul vous faire savourer pleinement votre propre chaleur animale, car tout plaisir, en ce monde, ne vaut que par contraste. Rien n’existe en soi. Si vous vous flattez d’être envahi de bien-être de la tête aux pieds et qu’il en ait été ainsi pendant fort longtemps, alors on ne peut pas dire que vous sachiez encore ce qu’est le bien-être. Mais si, à l’instar de Queequeg et moi au lit, vous avez eu le bout du nez, le front et les oreilles légèrement gelés, alors en vérité vous serez infiniment persuadés d’avoir délicieusement chaud."

We felt very nice and snug, the more so since it was so chilly out of doors ; indeed out of bed-clothes too, seeing that there was no fire in the room. The more so, I say, because truly to enjoy bodily warmth, some small part of you must be cold, for there is no quality in this world that is not what it is merely by contrast. Nothing exists in itself. If you flatter yourself that you are all over comfortable, and have been so a long time, then you cannot be said to be comfortable any more. But if, like Queequeg and me in the bed, the tip of your nose or the crown of your head be slightly chilled, why then, indeed, in the general consciousness you feel most delightfully and unmistakably warm.