vendredi 2 mai 2025

Vargas Llosa (installation)

Vargas Llosa, La Maison verte, chap. 1 (trad. Lesfargues revue Picard : 

"Les gardes et Nieves le pilote s’assoient par terre, se déchaussent, le Noiraud ouvre sa gourde, boit et soupire. La mère Angélica lève la tête : qu’on monte les tentes, sergent, un visage fripé, qu’on installe les moustiquaires, un regard liquide, on attendrait qu’ils reviennent, une voix cassée, et qu’il ne lui fasse pas cette tête, elle avait de l’expérience. Le sergent jette sa cigarette, l’enterre à coups de talon, ce qu’il s’en fichait, eh, les gars, qu’ils se remuent un peu. Et juste à ce moment-là éclate un caquetage et un fourré crache une poule, le Blond et le Microbe poussent un cri de joie, noire, la poursuivent, tachetée de blanc, la capturent, et les yeux de la mère Angélica étincellent, bandits, qu’est-ce qu’ils faisaient, son poing vibre en l’air, elle était à eux ? qu’ils la lâchent, et le sergent qu’ils la lâchent mais, ma mère, si on devait rester faudrait bien manger, ils avaient pas envie de crever de faim."


Los guardias y el práctico Nieves se sientan en el suelo, se descalzan, el Oscuro abre su cantimplora, bebe y suspira. La madre Angélica alza la cabeza: que hagan las carpas, sargento, un rostro ajado, que pongan los mosquiteros, una mirada líquida, esperarían a que regresaran, una voz cascada, y que no le pusiera esa cara, ella tenía experiencia. El sargento arroja el cigarrillo, lo entierra a pisotones, qué más le daba, muchachos, que se sacudieran. Y en eso brota un cacareo y un matorral escupe una gallina, el Rubio y el Chiquito lanzan un grito de júbilo, negra, la corretean, con pintas blancas, la capturan y los ojos de la madre Angélica chispean, bandidos, qué hacían, su puño vibra en el aire, ¿era suya?, que la soltaran, y el sargento que la soltaran pero, madres, si iban a quedarse necesitaban comer, no estaban para pasar hambres.