mardi 3 mars 2020

Rimbaud (neige)


Rimbaud, lettre aux siens, 17 novembre 1878 : 
« La route, qui n'a guère que six mètres de largeur, est comblée tout le long à droite par une chute de neige de près de deux mètres de hauteur, qui, à chaque instant, allonge sur la route une barre d'un mètre de haut qu'il faut fendre sous une atroce tourmente de grésil. Voici ! plus une ombre dessus, dessous ni autour, quoique nous soyons entourés d'objets énormes ; plus de route, de précipices, de gorge ni de ciel : rien que du blanc à songer, à toucher, à voir, ou ne pas voir, car impossible de lever les yeux de l'embêtement blanc qu'on croit être le milieu du sentier. Impossible de lever le nez à une bise aussi carabinante, les cils et la moustache en stala[c]tites, l'oreille déchirée, le cou gonflé. Sans l'ombre qu'on est soi-même, et sans les poteaux du télégraphe, qui suivent la route supposée, on serait aussi embarrassé qu'un pierrot dans un four. »

… ce ‘pierrot dans un four’ est singulier ; on peut penser à un moineau fragile ; mais le four ? 
On peut songer au personnage de Pierrot, qui est blanc ; mais, là encore, pourquoi le four ?
La réponse s’obtient en deux clics sur la Toile : 
Rimbaud, dans un texte fameux, disait aimer « les peintures idiotes, dessus de portes, décors, toiles de saltimbanques, enseignes, enluminures populaires ».
Or on trouve à cette adresse 
une plaque animée, tout à fait dans son goût, datant de la seconde moitié du XIX° siècle, intitulée « Polichinelle fait entrer Pierrot dans un four »