Giono, Que ma joie demeure chap. VIII :
"Il y avait des herbes d'amour. Il y avait la chair noire du lièvre faite avec le meilleur des collines. Il y avait la force du feu. Il y avait le vin noir. A tout ça s'ajoutait l'air qu'on mâchait en même temps que la viande – un air parfumé aux narcisses, car le petit vent venait du champ ; le ciel, le printemps, le soleil qui chauffait les coins souples du corps avec insistance – on aurait dit qu'il savait ce qu'il faisait – il chauffait le tendre des aisselles, les ruisseaux de devant le ventre, ces deux raies entre le ventre et la cuisse et qui se rejoignent – juste là ! Il chauffait la nuque avec parfois comme une morsure comme font les gros chats pour donner envie d'amour aux chattes qui crient après mais s'énervent seules. Il y avait que tout avait soudain odeur et forme. Le plateau tout entier suait son odeur de plateau. On était comme installé sur la large peau d'un bélier."
rappel : Giono (repas 1) :
https://lelectionnaire.blogspot.com/2020/10/giono-repas.html