Fromentin, Lettres à sa mère, 1846, cité par Thibaudet, Intérieurs :
"Le spectacle permanent d'un beau ciel et d'une belle campagne m'enchante, et me prépare de délicieux souvenirs." (Lettres de jeunesse p. 94).
"Ayez soin seulement de voir beaucoup ; tout se transfigure naturellement dans le souvenir : c'est un admirable instrument d'optique. [...] Ne t'effraie pas de voir tes souvenirs s'effacer un peu... Le souvenir, en vieillissant, se concentre, se simplifie [...] en passant par le souvenir, la vérité devient un poème, le paysage un tableau. Si grande et si belle que soit la réalité, tu verras que le souvenir finit encore par la dépasser et réussit à l'embellir. Je suis bien sûr que tout ce que j'ai vu il y a trois mois reste maintenant au-dessous de l'image transfigurée que j'en ai gardé." (Lettres de Jeunesse p. 191).
"Comme tout paraît extraordinaire à distance, et comme l'inconnu, quand on l'habite, est simple ! et ce qu'il y a de plus drôle, c'est que tous ces détails, si simples, me deviendront délicieux en souvenirs. Voilà l'esprit. [...] Quelles journées, quel peuple, quelle beauté ! ...Les souvenirs deviendront extraordinaires !" (Lettres de jeunesse p. 133).