Gary, Les Cerfs-volants chap. XVI :
"J’étais jaloux de ses solitudes, des sentiers qu’elle parcourait sans moi, des livres qu’elle emportait avec elle et qu’elle lisait comme si je n’existais pas. Je savais à présent me moquer de mes excès d’exigence et de mes terreurs tyranniques ; je commençais à comprendre qu’il faut savoir laisser, même à sa raison de vivre, le droit de vous quitter de temps en temps, et même celui de vous tromper un peu avec la solitude, avec l’horizon et avec ces hautes plantes dont je ne connaissais pas le nom et qui perdaient leurs têtes blanches au moindre coup de vent. Lorsqu’elle me quittait ainsi pour 'se chercher' – il lui arrivait de passer en une seule journée de l’Ecole du Louvre à Paris aux études de biologie en Angleterre –, je me sentais chassé de sa vie pour cause d’insignifiance. Je commençais cependant à m’éveiller à l’idée qu’il ne suffisait pas d’aimer mais qu’il fallait aussi apprendre à aimer [...]."