Bourignon (Mademoiselle Antoinette),
[texte cité par Pierre Bayle, article « Adam », note G, Dictionnaire historique et critique, 5e éd., Amsterdam, Brunet, 1740, t. I, p. 73.
"[Adam] estoit de stature plus grande que les hommes d’à présent ; les cheveux courts, annelez, tirans sur le noir, la levre de dessus couverte d’un petit poil ; & au lieu des parties bestiales que l’on ne nomme pas, il estoit fait comme seront rétablis nos corps dans la vie éternelle, & que je ne sais si je dois dire. Il avoit dans cette région la structure d’un nés, de mesme forme que celui du visage ; et c’était là une source d’odeurs & de parfums admirables : de là devoient aussi sortir les hommes, dont il avoit tous les principes dans soi : car il y avoit dans son ventre un vaisseau où naissoient de petits œufs, et un autre vaisseau plein de liqueur qui rendoit ces œufs féconds. Et lors que l’homme s’échauffoit dans l’amour de son Dieu, le désir où il estoit qu’il y eust d’autres créatures que lui pour loüer, pour aimer & pour adorer cette grande Majesté, faisoit répandre par le feu de l’amour de Dieu cette liqueur sur un, ou sur plusieurs de ces œufs avec des délices inconcevables ; & cet œuf rendu fécond sortoit quelque tems après par le canal hors de l’homme en forme d’œuf, & venoit peu après à éclore un homme parfait. C’est ainsi que dans la vie éternelle il y aura une génération sainte & sans fin, bien autre que celle que le péché a introduite par le moyen de la femme, laquelle Dieu forma de l’homme en tirant hors des flancs d’Adam ce viscere qui contenoit les œufs, que la femme possède, & desquels les hommes naissent encore à présent dans elle, conformément aux nouvelles découvertes de l’Anatomie. Le premier homme, qu’Adam produisit par lui seul en son estat glorieux, fut choisi de Dieu pour être le Trône de la Divinité."
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