Champfleury, Le Réalisme, 1857, p. 96 :
"La vie habituelle est un composé de petits faits insignifiants aussi nombreux que les brindilles des arbres ; ces petits faits se réunissent et aboutissent à une branche, la branche au tronc ; la conversation est pleine de détails oiseux qu’on ne peut reproduire sous peine de fatiguer le lecteur. Un drame réel ne commence pas par une action saillante ; quelquefois il ne se dénoue pas, de même que l’horizon que nous apercevons n’est pas la fin du monde. Le romancier choisit un certain nombre de faits saisissants, les groupe, les distribue, les encadre. À toute histoire il faut un commencement et une fin. Or la nature ne donne ni agencement, ni encadrement, ni commencement, ni fin. N’y a-t-il pas dans la distribution du conte le plus court une méthode d’une difficulté extrême ?"