lundi 24 août 2020

Huysmans (réversibilité)


Huysmans, lettre du 13 mars 1900, citée par Baldick, La Vie de Huysmans, p. 338-339 : 
« […] L'humanité est régie par deux lois que son insouciance ignore : loi de solidarité dans le mal, loi de réversibilité dans le bien ; solidarité en Adam, réversibilité en Notre-Seigneur. Autrement dit, chacun est jusqu'à un certain point responsable des fautes des autres, et doit aussi jusqu'à un certain point les expier ; et chacun peut aussi attribuer les mérites qu'il possède ou acquiert à ceux qui n'en possèdent point ou qui n'en peuvent acquérir. Ces lois, Dieu s'y est, le premier, soumis, lorsqu'il se les est appliquées en la personne de son Fils. […] Il a voulu que Jésus donnât le premier l'exemple de la substitution mystique, de la suppléance de celui qui ne doit rien à celui qui doit tout, et Jésus, à son tour, veut que certaines âmes héritent de cette succession de son sacrifice et achèvent ce qui manque à sa passion, comme dit saint Paul […] mais les saints se font rares ; les ordres contemplatifs diminuent ou se tempèrent : et le pauvre Seigneur est bien obligé de s'adresser à nous, qui ne sommes pas des saints, pour faire des appoints. De là les maladies et les peines. Elles empêchent certainement les catastrophes. »