dimanche 10 novembre 2019

Kafka (chambre)


Kafka, Journal 18 oct. 1916 (trad. Marthe Robert, probablement) : 
« Je proviens de mes parents, je suis lié à eux ainsi qu'à mes sœurs par le sang ; dans la vie courante, parce que je me voue à mes buts propres, je ne le sens pas, mais au fond cela a pour moi plus de valeur que je ne le sais. Tantôt je poursuis cela aussi de ma haine : la vue du lit conjugal, les draps de lit qui ont servi, des chemises de nuit soigneusement étendues, me donne envie de vomir, tire tout mon intérieur au dehors ; c'est comme si je n'étais pas né définitivement, comme si je venais toujours au monde hors de cette vie obscure dans cette chambre obscure, comme s'il fallait toujours à nouveau y chercher confirmation de moi-même, comme si j'étais du moins, dans une certaine mesure, indissolublement lié à ces choses répugnantes, cela entrave encore mes pieds, qui voudraient courir, ceux-ci sont encore fourrés dans l'informe bouillie originelle.»

Nun stamme ich aber aus meinen Eltern, bin mit ihnen und den Schwestern im Blut verbunden, fühle das im gewöhnlichen Leben und infolge der notwendigen Verranntheit in meine besondern Absichten nicht, achte es aber im Grunde mehr, als ich weiß. Das eine Mal verfolge ich auch das mit meinem Haß, der Anblick des Ehebettes zu Hause, der gebrauchten Bettwäsche, der sorgfältig hingelegten Hemden kann mich bis zum Erbrechen reizen, kann mein Inneres nach außen kehren, es ist, als wäre ich nicht endgültig geboren, käme immer wieder aus diesem dumpfen Leben in dieser dumpfen Stube zur Welt, müsse mir dort immer wieder Bestätigung holen, sei mit diesen widerlichen Dingen, wenn nicht ganz und gar, so doch zum Teil unlöslich verbunden, noch an meinen laufenwollenden Füßen hängt es wenigstens, sie stecken noch im ersten formlosen Brei.