Zumthor, Babel ou l’inachèvement p. 214 :
« Un ami biologiste soutenait devant moi que le statut de l'homme est celui d'un fœtus extra-utérin. D'où la fragilité et la longueur de son enfance ; d'où son indétermination psychique et le fait que, globalement parlant, c'est un être inachevé. Et cela est vrai, continuait l'ami, non seulement de l'individu, mais de l'espèce. Biologiquement, y a-t-il des adultes ? La culture, pensais-je par-devers moi, tout en participant de ce caractère général, en tire sa nécessité, car elle se substitue, pour l'être que nous sommes, à la nature dont l'assise ni les bornes ne sont fixes ni stables. Pas plus sémantiquement que géométriquement, le sens de l'être-humain (du fait d'être humain) n'est donné. De cet inachèvement ontologique, comment triompher, alors qu'il se communique, ainsi qu'une infection, à tout ce que façonnent nos mains, tout ce que conçoit notre intelligence ? »