Gide, Dostoïevsky (Conférences du Vieux-Colombier, 3) p. 135-136 :
"Le héros français, tel que nous le peint Corneille, projette devant lui un modèle idéal, qui est lui-même encore, mais lui-même tel qu’il se souhaite, tel qu’il s’efforce d’être, – non point tel qu’il est naturellement, tel qu’il serait s’il s’abandonnait à lui-même. La lutte intime que nous peint Corneille, c’est celle qui se livre entre l’être idéal, l’être modèle et l’être naturel que le héros s’efforce de renier. Somme toute, nous ne sommes pas très loin ici, me semble-t-il, de ce que M. Jules de Gaultier appellera le bovarysme – nom qu’il donne, d’après l’héroïne de Flaubert, à cette tendance qu’ont certains à doubler leur vie d’une vie imaginaire, à cesser d’être qui l’on est, pour devenir qui l’on croit être, qui l’on veut être."