Maistre (J. de), cité par Cioran, Exercices d'admiration Quarto p. 1539 :
"Quelquefois je voudrais m’élancer hors des limites étroites de ce monde ; je voudrais anticiper sur le jour des révélations et me plonger dans l’infini. Lorsque la double loi de l’homme sera effacée, et que ces deux centres seront confondus, il sera UN : car n’y ayant plus de combat dans lui, où prendrait-il l’idée de duité ? Mais si nous considérons les hommes, les uns à l’égard des autres, qu’en sera-t-il d’eux, lorsque le mal étant anéanti, il n’y aura plus de passion ni d’intérêt personnel ? Que deviendra le MOI, lorsque toutes les pensées seront communes comme les désirs, lorsque tous les esprits se verront comme ils sont vus ? Qui peut comprendre, qui peut se représenter cette Jérusalem céleste, où tous les habitants, pénétrés par le même esprit, se pénétreront mutuellement et se réfléchiront le bonheur ?"