Anouilh, Les Poissons rouges, acte III :
"Et les conseillers conjugaux, qui donnent gravement des conseils à monsieur et à madame assis tout raides sur leurs chaises, dans le cabinet passé au ripolin ! Pauvres diables ! Je voudrais bien savoir comment ils le font, l'amour, les conseillers conjugaux. Cela doit être gai !
Il crie soudain, hors de lui :
Est-ce qu'on ne peut pas laisser les hommes être maladroits et malheureux, tranquilles comme ils l'ont toujours été, depuis toujours ? Et tâtonner, comme ils l'ont toujours fait, avec plus ou moins de bonheur, pour gagner leur vie, leur liberté ou leur amour, à leur façon ? Est-ce qu'on ne peut pas lui foutre un peu la paix, à l'homme et le laisser se débrouiller tout seul ? Il en crève, d'assurances sociales, votre homme ! Il n'ose même plus faire un pet, s'il n'est pas certain qu'il lui sera remboursé ! Il s'étiole à force d'être assuré de tout et perd sa vraie force - qui était immense ! C'était un des animaux les plus redoutables de la création."