Baudelaire, Mon cœur mis à nu Pléiade p. 1299 :
"Il est impossible de parcourir une gazette quelconque, de n'importe quel jour ou quel mois ou quelle année, sans y trouver à chaque ligne des signes de la perversité humaine la plus épouvantable, en même temps que les vanteries les plus surprenantes de probité, de bonté, de charité, et les affirmations les plus effrontées relatives au progrès et à la civilisation. Tout journal, de la première ligne à la dernière, n'est qu'un tissu d'horreurs. Guerres, crimes, vols, impudicités, tortures, crimes des princes, crimes des nations, crimes des particuliers, une ivresse d'atrocité universelle. Et c'est de ce dégoûtant apéritif que l'homme civilisé accompagne son repas de chaque matin. Tout, en ce monde, sue le crime : le journal, la muraille et le visage de l'homme. Je ne comprends pas qu'une main pure puisse toucher un journal sans une convulsion de dégoût."
Valéry, Mélange, "Instants" Pléiade t. 1 :
"Un adolescent devant son lycée, avec son Virgile et son Corneille sous le bras. Il lit un journal, tableau d’horreurs en grosses lettres.
— Qu’est-ce que tu fais là ?
— Bonjour, Monsieur. Je fais mes inhumanités."