Rilke : Vergers (poèmes en français))
n° 54, Pléiade p. 1007 :
J'ai vu dans l'œil animal
la vie paisible qui dure,
le calme impartial
de l'imperturbable nature.
La bête connaît la peur ;
mais aussitôt elle avance
et sur son champ d'abondance
broute une présence,
qui n'a pas le goût d'ailleurs.
n° 57 Pléiade p. 1108 :
La biche
Ô la biche : quel bel intérieur
d'anciennes forêts dans tes yeux abonde ;
combien de confiance ronde
mêlée à combien de peur.
Tout cela, porté par la vive
gracilité de tes bonds.
Mais jamais rien n'arrive
à cette impossessive
ignorance de ton front.