Proust :
Lettre à Daniel Halévy, vers janvier 1908) :
"Je ne juge jamais un écrivain sur ses défauts mais sur ce qu’il a de meilleur, fût-ce sur une ligne. Or le meilleur de Péguy me semble banal et d’une fausse originalité voulue (fût-ce inconsciemment voulue)."
Lettre à Louis de Robert, 11 janvier 1913 :
"Quant à certaines proses comme celles de M. Péguy par exemple où l’état d’esprit qui est exactement le contraire de l’inspiration et de la solidification artistique, où une espèce d’indolence au cours de laquelle un mot vous en fait imaginer un autre et où on n’a pas le courage de sacrifier ses tâtonnements, je ne peux pas exprimer assez ma stupéfaction de voir que dans des milieux intelligents comme à la Nouvelle Revue Française par exemple, on trouve cela admirable."
Lettre à Jacques Boulenger, 18 avril 1921 :
"J’exècre la littérature du pauvre Péguy et n’ai jamais varié ; Il y a je ne sais combien d’années, Daniel Halévy m’a écrit : « Veux-tu (parce que nous avons été au lycée ensemble, nous nous écrivons « tu ») souscrire aux cahiers d’un de mes amis, Péguy, mais seulement si tu aimes cela. Lis ce cahier. » J’ai lu, j’ai répondu : « Je trouve ton ami sans talent pour telle et telle raison, mais puisqu’il est malheureux, je souscrirai quand même ». Et dès lors mon appartement, qui était à peu près dix fois aussi grand que celui d’aujourd’hui (qui, il est vrai, est un trou à rats), a été encombré par le plus insipide fatras des plus inutiles proses que je sache."