Rilke, Neue Gedichte II : Die Flamingos, trad. Pléiade p. 475 :
Les flamants roses
Paris, Jardin des Plantes
Des reflets au miroir comme de Fragonard
ne te livreraient pas de leur blanc, de leur rose,
plus que ne t'apprendrait, parlant de son amie,
un homme qui te dit : "Elle était douce encor
de sommeil." Car, dressés dans le vert,
légèrement tournés sur leurs tiges de rose,
ensemble fleurissant comme dans un parterre,
plus charmeurs que Phryné eux-mêmes se séduisent.
Puis au bout de leur cou ils penchent leur œil pâle,
et l'abritent au creux de leur propre douceur
dans laquelle le noir et le rouge se cachent.
Une querelle éclate en cris dans la volière.
Mais, étonnés, soudain ils se sont étirés,
et s'en vont un à un au monde imaginaire.
Paris, Jardin des Plantes
In Spiegelbildern wie von Fragonard
ist doch von ihrem Weiß und ihrer Röte
nicht mehr gegeben, als dir einer böte,
wenn er von seiner Freundin sagt: sie war
noch sanft von Schlaf. Denn steigen sie ins Grüne
und stehn, auf rosa Stielen leicht gedreht,
beisammen, blühend, wie in einem Beet,
verführen sie verführender als Phryne
sich selber; bis sie ihres Auges Bleiche
hinhalsend bergen in der eignen Weiche,
in welcher Schwarz und Fruchtrot sich versteckt.
Auf einmal kreischt ein Neid durch die Volière;
sie aber haben sich erstaunt gestreckt
und schreiten einzeln ins Imaginäre.