Rinaldi, Discours de réception à l'Académie française :
"Les romans sont aussi imprévisibles qu’ils sont irrépressibles. Ils jalonnent, dans le cœur du romancier, une ligne de fracture identique à celle qui court dans les profondeurs du globe terrestre, où le craquement des masses sourdement en fusion, détermine à la surface l’activité des cratères ; mais jamais on n’a vu un volcan décider sa propre éruption, son couronnement par une flamme qui sera ou non aperçue de loin. Et le roman se compare à cette lueur : il est, pour l’auteur, ce point où la lumière culmine dans ce passage qui, pour le romancier, va de l’anonymat à l’oubli – surtout quand on a trop été célébré de son vivant. S’il ne correspond pas à l’envie sociale de devenir un écrivain, s’il répond à une nécessité – à un sursaut pour remédier à un affaissement intime – un roman n’est rien d’autre qu’une dépression nerveuse dominée par la syntaxe."