Juliet (Charles ) propos oral sur France-Culture, vers 2010 :
"Il a fallu que j'approche pas à pas ce monde-là - on a dit les cimes, on ne les trouve qu'au plus bas ; parce que c'est en allant vers ces états de dénudation que l'on accède à une véritable connaissance ; donc pour moi, les cimes sont à placer au plus bas
- Une descente aux enfers ?
- Ça l'a été. Je pense qu'on peut utiliser l'expression, elle n'est nullemment excessive, car les années qu'on passe à se triturer, à se creuser, provoquent toujours de très graves perturbations ; on se sent vraiment perdu ; la pensée est complètement désorganisée, déstructurée, et on n'a plus rien à quoi se raccrocher. Donc c'est véritablement une descente aux enfers. (...) Je l'ai vécue d'abord très mal ; elle ne peut pas se vivre dans la facilité ; il y a eu des années de grande souffrance, de grand doute, de grande angoisse ; (...) s'apparente à une démarche spirituelle, une plongée intérieure... besoin profond de me connaître, et de me transformer. Je voulais arriver à connaître celui que j'étais et que je ne connaissais pas ; et tout cela m'a pris une vingtaine d'années. ... passer par cette phase où on sent qu'on n'est rien ... véritablement rien ; et c'est cela qui après permet de vivre cette seconde naissance dont on parle si souvent dans les traités de spiritualité - vivre cette mutation qui est réelle, qui est vécue corporellement, et qui fait que d'emblée après on accède véritablement à une autre manière d'être - et où l'on sent que c'est irréversible, décisif - une remise à neuf de quelqu'un qui était vieux. Une accession à la lumière, paix, quiétude, lumière, on a véritablement des fondations...
Extrait d'un entretien sur le web, proche du précédent :
Après de longues années sans savoir où j’allais, j’ai compris que je cherchais à me connaître et à me transformer. Tout ce que j’ai écrit a son origine dans cette nécessité. Or cela concerne tout être humain. Les Grecs l’avaient déjà dit : « Connais-toi toi-même ». Réalisant une auto-analyse, j’ai traversé une crise qui a duré des années. Cette crise est inévitable si on vit cette aventure. Par la pensée et l’écriture, je suis allé à la racine de moi-même pour me modifier. Cette descente en soi – il n’est pas exagéré de parler de « descente aux enfers » – permet cette dénudation grâce à laquelle on arrive à avoir une juste perception de soi. Il s’est alors produit pour moi une mutation. »