Philippe (Charles-Louis), Croquignole, I, 1 :
« On arrivait le matin. Il en venait de Belleville avec des yeux clairs, ils aimaient mieux venir à pied ; il en venait de Charenton par le bateau, avec la Seine, le ciel, le temps, la lumière et l’eau ; il en venait de Montrouge par les grandes voies droites, et qui avaient vu des femmes dès le matin ; il en venait du quartier du Marais, qui avaient croisé des ménagères et entendu les marchandes des quatre saisons chanter la vente des fruits ; le jour était le jour de huit heures et demie, chaste et lavé, le jour que le ciel a posé sur la Terre pendant la nuit, on le sentait ; la rue était fraîche, la rue n’était-elle pas une prairie ? Chacun arrivait à son tour. Longtemps ils restaient debout, la tête un peu penchée, l’oreille encore tendue et fumant cette première cigarette du matin qui semble un souvenir des pays du tabac, jusqu’à ce que l’un d’eux se mît à dire :
- Ah ! tout de même, il va falloir s’y mettre. »