Hrabal, La Mort de Monsieur Baltisberger, in Les Palabreurs, trad. M. Canavaggio, Livre de Poche p. 200 :
" ... l’important, c’est de savoir comment ça va se terminer, dit l’oncle Pépine, nous aussi, on faisait des courses de vitesse chez les pompiers. Une fois, il y avait le feu à un moulin, les chevaux s’étaient tellement emballés qu’il avait fallu qu’on tire nous-mêmes la lance au feu. Et, suants comme des mules, on s’y était mis. Moi, j’étais planté sur la retenue de l’étang avec un seau drôlement lourd, j’attendais selon le règlement que le capitaine corne. Mais, au lieu de sa trompette, il avait corné sur une boîte de conserve, si bien que les pompiers m’avaient bousculé, et comme j’avais oublié de lâcher mon seau, j’avais plongé dans l’étang avec, et les pompiers avaient été obligés de me repêcher avec des perches, vu que je savais pas nager. Si j’étais chez les pompiers, c’est qu’une jolie fille l’avait voulu, elle m’avait dit que la hache et l’échelle m’iraient sûrement à ravir. Ensuite, il avait fallu repêcher le seau avec des crochets. Il y avait déjà la moitié du moulin de brûlée. Une fois la lance montée, les pompiers avaient commencé à pomper, et moi, fatigué par ma chute dans l’eau, je m’étais emmêlé les pinceaux dans ces manettes de fer, les pompiers m’avaient cogné la tête avec le bras de la pompe, si bien que je m’étais évanoui, et comme il avait fallu que ceux de notre équipe me réaniment ça les avait mis en retard et c’est ceux de Premyslovice qui avaient commencé à arroser. Le moulin avait déjà fini de brûler, n’empêche que je m’étais quand même fait engueuler par le chef pour lui avoir fait louper la victoire. "