mardi 12 mai 2020

Tauler (fond)


Tauler [XIV° s.], Sermon II pour la Nativité de saint Jean Baptiste, 44, 4 ; t. II p. 253 [traduction ?] : 
« Cette connaissance est tout d’abord voilée. Les facultés ne peuvent pas atteindre ce fond. L’étendue qui se présente dans le fond n’a pas d’image qui la représente, pas de forme, pas de modalité déterminée. On n’y distingue pas un ‘ici’ et un ‘là’. C’est un abîme insondable en suspension en lui-même. Sans fond. On dirait des eaux qui bouillonnent en écumant. Tantôt elles s’engouffrent dans un abîme et il semble qu’il n’y ait absolument plus d’eau. Le moment d’après, elles surgissent de nouveau en tumulte, comme si elles allaient tout engloutir. On s’engouffre dans un abîme. Et dans cet abîme est l’habitation propre de Dieu. Beaucoup plus que dans le ciel ou en toute créature. Celui qui pourrait y parvenir y trouverait vraiment Dieu et se trouverait lui-même en Dieu simplement. Car Dieu ne quitte jamais ce fond. Dieu lui serait présent. C’est ici qu’on prend sensiblement conscience de l’éternité et qu’on s’y délecte. Il n’y a là ni passé ni futur. Dans ce fond aucune lumière créée ne peut pénétrer ni briller. C’est exclusivement l’habitation et la place de Dieu. »