Guérin (Maurice de), le 13 octobre 1835 (p. 235) [fin du ‘Cahier vert’] :
« - J'ai voyagé. Je ne sais quel mouvement de mon destin m'a porté sur les rives d'un fleuve jusqu'à la mer. J'ai vu le long de ce fleuve des plaines où la nature est puissante et gaie, de royales et antiques demeures marquées de souvenirs qui tiennent leur place dans la triste légende de l'humanité, des cités nombreuses et l'Océan grondant au bout. De là je suis rentré dans l'intérieur des terres, au pays des grands bois où les bruits d'une vaste étendue et continus abondent aussi. J'ai pris des fatigues que je regretterai longtemps et vivement, à traverser les grandes campagnes, à monter d'horizon en horizon, jouissant de l'espace et gagnant plusieurs fois le jour ces impressions qui s'élèvent de tous les points des étendues de pays nouvelles et s'abattent par volées sur le voyageur. Le courant des voyages est bien doux [je le suivrais volontiers toute ma vie]* Oh ! qui m'exposera sur ce Nil ?… »
* mots biffés par M de G.