mardi 10 mars 2020

Walser (R.) (neige)


Walser, Le Commis [Der Gehülfe] trad. B. Lortholary, p. 233 :
« Les environs eux-mêmes semblaient à leur façon se réjouir de l'approche de cette belle fête. Ils se laissaient tranquillement et confortablement recouvrir de la neige qui tombait dru et tendaient en somme leur grande et large, vieille et vaste main si silencieusement pour recevoir ce qui dégringolait là, que tout le monde disait presque : « Voyez ! Cela devient blanc, ça blanchit dans le monde. C'est bien, car c'est ce qui convient pour Noël. »
Bientôt d'ailleurs tout le pays du lac et de la montagne fut couvert d'un voile de neige, épais et solide. Les têtes à l'imagination prompte entendaient déjà les grelots des traîneaux filant sur la neige, quoiqu'il n'en circulât encore aucun. Les tables de Noël étaient déjà dressées, car le pays tout entier ressemblait à une table de Noël proprement recouverte d'une nappe blanche. Et le silence ouaté et la chaleur d'un tel paysage ! On n'entendait qu'à moitié tous les bruits, comme si les marteaux des mécaniciens, les solives des charpentiers, les bielles des usines et les sifflements perçants des locomotives avaient été enveloppés d'ouate ou de chiffons de laine. On ne voyait que ce qui était le plus proche, ce qu'on pouvait mesurer en dix pas ; le lointain était une impénétrable neigeure et un studieux camaïeu de gris et de blancs. Les hommes aussi arrivaient blancs en marchant à pas lourds et, sur cinq personnes, on en voyait toujours une qui tapait ses vêtements pour en faire tomber la neige. Il régnait là dehors une telle paix que malgré soi l'on ne pouvait que supposer que toutes les affaires du monde étaient apaisées et réglées et calmées.

« Die umliegende Gegend selber schien sich ja sogar in ihrer Art auf das schöne Fest zu freuen. Sie ließ sich ruhig und wohlig mit dicht herabfallendem Schnee bedecken und hielt so still gleichsam die große, breite, alte und weite Hand dar, um aufzunehmen, was da fleißig herunterstürzte, daß alle Menschen beinahe sagten : « Seht ! Es wird weiß, es weißelt in der Welt. Das ist recht, denn das schickt sich für Weihnachten.
Bald lag auch das ganze See- und Bergland in einem dicken, festen Schneeschleier. Die rasch sich etwas einbildenden Köpfe hörten schon das Klingeln von schnell dahinfahrenden Schlitten, obschon noch gar keine herumfuhren. Die Weihnachtstische waren auch schon gedeckt, denn das ganze Land glich einem säuberlich weiß überzogenen Weihnachtstisch. Und die Stille und Gedämpftheit und Wärme solch einer Landschaft ! Man hörte alle Geräusche nur halb, als ob die Schlosser ihre Hämmer, und die Zimmerleute ihre Balken, und die Fabrikräder ihre Schaufeln, und die Lokomotiven ihre schrillen Pfiffe mit Watte oder mit wollenen Tüchern eingewickelt hätten. Man sah nur das Nächste, das, was man mit zehn Schritten abmessen konnte, die Ferne war ein undurchdringliches Geschneie und ein fleißiges Übermalen mit grauer und weißer Farbe. Auch die Menschen kamen weiß dahergestampft, und man konnte unter fünf Menschen immer einen sehen, der sich den Schnee von den Kleidern abschüttelte. Es war ein Friede da draußen, daß man unwillkürlich alle Weltdinge als befriedigt und erledigt und beruhigt annehmen mußte. »