Caillois, L’alternative [à propos de Novalis et Breton] :
« Art et magie sont complémentaires, par conséquent irréductibles. Il ne saurait y avoir entre eux que des rapports accessoires. Il faut choisir entre la liberté d’esprit que permet le détachement esthétique et que d’ailleurs il suppose, et le formalisme rigoureux et immuable qu’implique la croyance à la magie. On ne peut apprécier esthétiquement une œuvre magique qu’à condition de cesser de croire à la force qu’elle est censée véhiculer : sans quoi, c’est l’évidence même, on ne s’intéresse pas d’abord à sa beauté, mais à sa qualification liturgique.
La valeur plastique du masque, de l’idole, du dessin, du tatouage, de l’objet, n’entre en ligne de compte que dans la mesure où ils sont désaffectés de leur destination magique primitive. Il n’y a pas d’art magique. »