Audiberti, Le Maître de Milan, coll. L’Imaginaire-Gallimard p. 78 :
« Tout est mêlé à tout. Tu prends tel comprimé, tu dors dix-huit heures. Tel autre, tu te mets à fleurir en intelligence. Qu'est-ce qu'elle devient, la personne, la personnalité, dans le permanent, mutuel ressac où elle baigne, où elle danse, forces chimiques, énergiques, illogiques qui la pénètrent, la modifient, la détroussent, se la renvoient ?
Cependant, nos pères, nos pères y compris celui que nous sommes, chacun est à lui-même son père le plus proche, nous et nos pères nous avons beaucoup misé, nous avons presque tout misé sur l'indépendance de la personne humaine individuelle en train de batifoler dans un monde chatoyant, giboyeux. »
Audiberti, Le Maître de Milan, coll. L’Imaginaire-Gallimard p. 36 :
« À l'arbalète, à la carabine ou au harpon elle brillait dans le tir. Elle ordonnait tout son corps, y compris son arme et son bras, dans une fixité vibrante qui ramenait la cible ou la proie et le monde tout entier dans une étroite et compacte relation avec elle, Bianca, et ceci, qui ne durait que le temps de sortir de la durée, était comme le premier temps, mais aussi le dernier, d'un drame dont le second temps, pour ainsi dire de pure vérification, était la flèche ou la balle ou la pointe dans la cible ou dans la proie. »